Editions Flammarion - 2014 pour l'édition originale et la traduction française - 270 pages
Quatrième de couverture:
Ladydi, quatorze ans, est née dans un monde où il ne fait pas bon être une fille. Dans les montagnes du Guerrero au Mexique, les femmes doivent apprendre à se débrouiller seules, car les hommes ont les uns après les autres quitté cette région pour une vie meilleure. Les barons de la drogue y règnent sans partage. Les mères déguisent leurs filles en garçons ou les enlaidissent pour leur éviter de tomber dans les griffes des cartels qui les « volent ». Et lorsque les 4X4 patrouillent dans les villages, Ladydi et ses amies se cachent dans des trous creusés dans les arrière-cours, pareilles à des animaux qui détalent pour se mettre en sécurité. Alors que la mère de Ladydi attend en vain le retour de son mari, la jeune fille et ses amies rêvent à un avenir plein de promesses, qui ne serait pas uniquement affaire de survie.
En ce moment, on peut dire que je suis plutôt en veine, j'enchaîne les bonnes lectures.
Ce récit livre de formidables portraits de femmes. Les mères tout d'abord, abandonnées par leurs maris partis aux Etats-Unis pour une vie meilleure. Au mieux ils envoient de l'argent à leur famille restée au Mexique, ou alors ils refont leur vie sur le sol américain, disparaissant pour de bon. C'est le cas de Ladydi et sa mère. Ces mères qui doivent vivre dans un monde sans hommes, et veiller sur leurs filles, proies des narco trafiquants, qui s'en servent d'esclaves sexuelles.
Ces jeunes filles ensuite qui apprennent très tôt à s'enlaidir pour ne pas "attirer" les hommes, pour qui tout signe de féminité est interdit. Ainsi, une belle coiffure, une pose de vernis à ongles ne peuvent se faire que dans l'intimité d'un salon de beauté, l'espace d'une heure ou deux. Institut de beauté utile aux mères seulement, trop vieilles pour intéresser les magnats de la drogue.
Ces femmes tentent de survivre dans cet univers de violence et de peur, dans une région particulièrement hostile, l'Etat du Guerrero, un des plus pauvres et des plus violents du pays. Elles habitent dans des maisons éloignées les unes des autres, dans les montagnes où le climat est très aride et peuplées de bêtes peu sympathiques (iguanes...), l'auteure met l'accent sur cette nature peu engageante et qui rajoute aux difficultés de ces femmes. Leur situation les éloigne aussi des services publics, santé ou éducation, qui n'interviennent que de façon très irrégulière dans ces régions.
Elles sont aussi victimes de l'activité de ces narcotrafiquants dont les champs de culture jouxtent les villages et les habitations.
La première partie de ce livre est absolument passionnante, donnant à découvrir, au-delà de cette région du Guerrero, un pays entier aux mains des cartels, et dont la richesse ne repose que sur la culture et le trafic de drogue. Où la violence et la peur font partie du quotidien.
J'ai été moins emballée par le seconde partie, j'ai trouvé que le récit s'essoufflait.
Il n'empêche que ce livre est d'une très grande qualité et je vous le recommande chaudement. Mon roman préféré depuis le début du prix Elle.
Ma note: 5 / 5