Editions JC Lattès - 2015- 370 pages
Isabelle Monnin a un jour fait l'acquisition d'un lot de photos sur Internet, pour dix euros, d'une famille qu'elle ne connait pas. Attirée par ces clichés, elle décide d'inventer l'histoire des personnes qui y figurent (le roman). Puis, animée, poussée par le besoin d'en sevoir plus, elle décide de partir à la recherche de ces vraies gens (l'enquête).
J'ai aimé l'originalité de la démarche que l'auteure explique de façon très sincère. Cet attrait inexplicable pour ces photos, le besoin d'écrire dessus. Des photos somme toute très banales, très ordinaires.
La partie roman qui a été engagée en premier et qu'elle s'est refusé à toucher après, dans une démarche honnête. Puis ce besoin d'en savoir plus, de partir à la recherche de ces anonymes, de cette famille qui lui semble pourtant si familière.
Une réflexion sur l'objet photo, de par la façon dont elle en a fait l'acquisition: ces photos ont une histoire, laquelle histoire appartient à des gens, des inconnus, qui s'en sont ensuite débarrassé. Isabelle Monnin en est aujourd'hui propriétaire, des photos, mais qu'en est-il de l'histoire qui s'y rattache?
Et ensuite l'enquête, la partie que j'ai préférée, la journaliste reprend le dessus, qui la mène dans sa région natale, à quelques kilomètres seulement des lieux de son enfance. Les découvertes, les noms, les vrais cette fois, mis sur des visages, des parcours, dévoilés par ceux du village qui ont connu ces gens. Et des coïncidences qui font penser que l'inconscient est parfois sacrément fort.
J'ai aimé l'originalité, la sincérité de l'entreprise, la volonté d'aller au bout des choses, en toute transparence et en toute honnêteté. Ce qui a permis de passer au second plan un style d'écriture avec lequel je n'ai pas toujours été accrochée.
Cette démarche, qui m'a touchée, nous interroge sur notre propre histoire, sur le rapport que nous avons nous-mêmes avec nos parents, nos grands-parents, notre famille au sens plus large. Que sait-on vraiment d'eux, de leur vie avant nous et quand nous étions là? Qu'en reste-t-il aujourd'hui que certains de nos proches ne sont plus là? Je me souvenue, lorsque ma grand-mère était encore vivante (et qui me manque toujours trois ans après son décès) m'être dit qu'il faudrait consigner ses mémoires, par l'utilisation d'un dictaphone, comme l'a fait Isabelle Monnin. Et puis, on est pris par le quotidien, on ne le fait pas, et puis on a des regrets.
Restait à savoir comment introduire le CD de chansons dans cette lecture. J'ai commencé à l'écouter alors que le chapitre sur l'enquête était déjà bien entamé, c'est-à-dire que toutes les personnes des photos(ou presque) avaient été identifiées. Puis je l'ai finalement écouté en entier à la fin de ma lecture, où on découvre la voix de certains protagonistes.
Pour toutes ces raisons, cette lecture est un coup de coeur.