Editions La fosse aux ours - 2015- 116 pages
1941, Bedrich est emmené avec sa femme et son fils qui n'a pas encore un an, dans la ville ghetto de Terezin, en République tchèque. Les hommes sont séparés des femmes et des enfants. Cette ville ghetto est en fait une ville de transit avant la déportation vers Auschwitz. La maladie, la faim, le désespoir rythment désormais le quotidien de ces êtres exclus de la population et de la ville, comme mis en quarantaine.
Bedrich est affecté au bureau des dessins, chargé de réaliser les plans du futur crematorium (!). Mais bientôt, avec ses compagnons d'infortune, ils se réunissent la nuit pour produire des dessins qui montrent le vrai visage de Terezin, qu'ils cachent ensuite dans un des murs du bureau. Ils essaient également de trouver le moyen de faire sortir ces esquisses du ghetto, pour que le monde sache réellement ce qu'il s'y passe.
Une forêt d'arbres creux appartient à cette catégorie de livres qu'on aborde posément, avec attention, dont on tourne les pages avec soin, dont on déchiffre chaque mot pour bien en saisir la portée. En ce sens, il fait aussi partie des livres exigeants. Avec une plume délicate, Antoine Choplin, que je découvre avec ce titre, s'attache à faire vivre cette ville, lieu de transit pour les Juifs avant les camps de la mort.
Le régime nazi a cherché à donner une image idyllique-ou presque- de cette ville en y tournant des films de propagande, en organisant des visites pour la Croix-Rouge et où les habutants étaient mis à contribution à ces occasions pour donner l'illusion que Terezin était un endroit où il faisait bon vivre.
Or, la réalité est toute autre: on meurt de faim, de maladie. Les convois vers les camps d'extermination se font de plus en plus nombreux. Même le soleil ne parvient plus à éclairer les visages cireux. Et c'est cette réalité que Bedrich veut faire sortir de ces murs. L'art comme un cri, un témoignage, un exutoire.
Avant la lecture de ce livre, je ne savais pas que Bedrich Fritta (1906-1944) avait réellement existé. Un de ses dessins est reproduit sur la couverture du livre.
L'écriture d'Antoine Choplin, avec sa délicatesse sur un sujet pourtant très violent, renforce l'émotion.
Merci aux Matchs littéraires de PM qui m'ont permis de recevoir ce livre, et à Jérôme qui a proposé ce choix dans la sélection.
#MRL15 #PriceMinister.
Ma note: