Editions JC Lattès / Le Masque - 2016 pour l'édition originale et la traduction française - 288 pages
2010, en Ukraine. Valentina vit dans la zone d'exclusion de Tchernobyl. Elle attend le retour de sa fille Katerina dont elle n'a plus de nouvelles depuis des mois, lorsqu'elle est partie avec une amie, étudiante comme elle, suivre un stage en Allemagne. Dans l'attente, Valentina s'attelle à relater l'histoire de vie dans un cahier.
Matthias Lessmann vit seul dans sa ferme depuis la mort de sa femme. Un jour, une jeune fille, poursuivie par deux hommes, vient trouver refuge chez lui. Au début réticent, il finit par lui apporter son aide. Elle lui explique qu'elle a fui un réseau de prostitution dans lequel elle a été enrôlée. Elle tient à retrouver son amie Marina, qui, elle, n'a pas réussi à s'échapper, et rentrer toutes deux dans leur village en Ukraine.
Enfin, en Ukraine, Leonid, membre de la police, est mis sur la piste de disparitions inexpliquées de jeunes étudiantes, parties pour des stages en Allemagne, et dont les familles n'ont plus de nouvelles.
On suit donc trois récits qui, on s'en doute, vont finir par se recouper. J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir la patte de Mechtild Borrmann que j'avais découverte avec Le violoniste pour lequel j'avais eu un coup de coeur. Là encore, l'instrigue s'inscrit dans un contexte historique précis, celui de la catastrophe de Tchernobyl. Cette partie s'est révélée vraiment intéressante à mes yeux car j'y ai appris beaucoup de choses. Certes, je savais qu'une catastrophe nucléaire avait eu lieu en 1986 dans cette ville d'Ukraine, mais pas plus. L'auteure montre bien la soudaineté de l'événement, les gens qu'il a fallu évacuer, qui ont tout laissé sur place, sans avoir le temps ni l'autorisation d'emporter quelques affaires avec eux. Comme s'ils avaient laissé leur vie. Puis, les villages contaminés ont été purement et simplement rasés, comme s'ils n'avaient jamais existé. A travers le personnage du père de Valentina, l'auteure aborde cette douleur qu'ont ressentie ces gens, non seulement liée à la catastrophe en elle-même mais surtout par le déracinement brutal qui s'en est suivi, et dont certains ne se sont jamais remis.
Elle met en lumière le manque d'information des autorités face à cette population qui n'a pas mesuré les conséquences de l'irradiation sur leurs corps, leurs vêtements, leurs objets...Et enfin, les répercussions sur la santé, les malformations chez les nouveaux-nés, les maladies développées, surtout chez les enfants.
J'ai eu grand plaisir à lire ce livre, le charme continue d'opérer pour moi avec Mechtild Borrmann.
Ma note