Editions JC Lattès - 2017 - 380 pages
Camille habite à Thionville et vient d'obtenir le bac. Elle fête cette réussite avec ses copains lors d'un concert où se produit Eva, son amoureuse. Puis, du jour au lendemain, Eva ne donne plus de nouvelles et ne se présente pas au rattrapage. Camille souffre de cette absence et surtout de ne pas savoir où se trouve celle qui l'apaise tant.
Car Camille, passionnée de dessin, étouffe dans sa propre famille, avec ses parents, en particulier sa mère à qui elle reproche une certaine inertie, et sa petite soeur qui lui suscite de l'indifférence. Camille décide de partir à la recherche d'Eva, en Pologne, pays dont elle est originaire. S'engage alors pour elle un road-trip à travers l'Europe de l'Est, qui lui fait découvrir les gens et le monde, bien loin de ce que lui avait fait imaginer sa mère lors de ses sempiternelles mises en garde.
Ce roman est une sorte de roman initiatique qui fait passer Camille de l'enfant à l'adulte. La première partie traite de l'étouffement que ressent l'adolescente au sein de cette famille de laquelle elle ne se voit aucun point commun. Sa mère qui la décourage sans cesse, notamment pour exploiter son talent de dessinatrice; sa mère encore, à qui elle reproche de ne pas prendre soin d'elle-même, de subir les choses, de se méfier de tout et tout le monde.
Lorsque Camille entreprend son voyage, elle tombe sur des gens plutôt bienveillants et généreux, bien loin de tout ce qu'on lui avait prodigué jusqu'à présent. Pourtant, le principe de se méfier de tel ou tel type de population apparait ici universel puisque Camille, au travers de ses rencontres, entend encore des mises en garde, totalement infondées. Alors, en terme de crédibilité, je me permets d'émettre quelques doutes car, sans dire qu'on rencontre des prédateurs à chaque coin de rue, il me semble un peu idyllique de croire qu'il n'y ait que des bons samaritains. Le parcours de Camille m'est apparu alors comme un peu trop heureux.
Dans la dernière partie, Camille revient chez elle à la suite d'un événement dramatique, ce qui la conduit à se recentrer sur sa famille. Elle découvre ainsi une mère qui lui était finalement totalement inconnue, et lui fait voir d'un autre oeil les membres de sa famille qu'elle rejetait auparavant en bloc. Cela permet de mettre en lumière le personnage de l'adolescente avec tout l'égoïsme qui la caractérise. Le manque d'empathie, la colère, la rebellion qui accompagnent la période de l'adolescence. Camille prend conscience que sa mère a eu son âge, avec les mêmes envies, les mêmes émois, les mêmes conflits intergénérationnels. Mais aussi l'angoisse, le doute, cette fébrilité du passage à l'âge adulte.
En résumé, je dirais que ce livre est un roman initiatique, d'apprentissage, qui pâtit de quelques raccourcis et ressorts connus. Je regrette aussi le traitement en surface de certains personnages comme celui du père et de la petite soeur de Camille. Toutefois, il aborde des sujets intéressants. D'abord l'adolescence, à travers les personnages de Camille, Eva, Melike, mais aussi la connaissance de soi et de ceux qui nous entourent, pour peu qu'on prenne le temps de s'attarder sur eux, avec bienveillance. Un roman inégal pour moi.
L'avis de Delphine, que je partage en plusieurs points. Un coup de coeur pour Joëlle et T livres T arts.
Ma note: