Le livre de poche - 2016 - 545 pages (édition originale Editions Heloïse d'Ormesson - 2015)
En prenant pour toile de fond le Paris de la fin du XIXème siècle, et plus particulièrement l'épisode historique de l'incendie du Bazar de la Charité qui a fait plusieurs dizaines de victimes, Gaëlle Nohant dresse un portrait de la société parisienne à la veille du XXème siècle assez délectable.
Les personnages appartiennent majoritairement à l'aristocratie ou la haute bourgeoisie. La comtesse Violaine de Raezal, veuve et rejetée par ses deux beaux-enfants Léonce et Armand , aussi égoïstes et détestables l'un que l'autre. Constance d'Estingel, en rebellion avec ses parents mais très conditionnée par son éducation chez les Dominicaines et une mère supérieure qui la voue au noviciat. Elle lui fait renoncer à son prétendant, Laszlo de Nérac, un jeune homme de très bonne famille, qui entend se consacrer à l'écriture pour faire passer ses idées, en faveur de la Commune notamment, à contre-courant des opinions de son rang.
Constance et Violaine rejoignent la duchesse d'Alençon, une femme respectée et reconnue pour sa bonté et son indépendance, qui les prend sous son aile. Conduites par Joseph, le coher de la duchesse à laquelle il est pleinement dévoué, toutes trois visitent et assistent les pauvres, prérogatives des femmes aristocrates. Elles intègrent ensuite le comptoir de la duchesse au Bazar de la Charité, comme une consécration. Ce 4 mai 1897 est un grand jour: le nonce doit venir bénir le Bazar. Toute la haute société accourt à cet événement, en plein mileiu duquel l'incendie se déclare.
Autour d'elles gravite une galerie de personnages dont la vie est ébranlée par l'incendie. Chacun voit sa vie bouleversée: deuil, destitution, rivalités, amours nouvelles ou atypiques...
L'auteure dépeint une société de l'apparât, où le respect des conventions est le maitre mot. C'est romanesque, avec des rebondissements, la fresque par excellence. Alors certes, les personnages sont un peu binaires: on sait que le gentil sera gentil du début à la fin de l'histoire, et que le méchant sera toujours méchant, mais ils restent toutefois intéressants. Je regrette que le personnage de la marquise de Fontenilles n'ait pas été plus exploité d'aillleurs...
Alors qu'importe ce bémol, moi je me suis régalée à lire ce livre, à me laisser embarquer. L'écriture colle parfaitement à l'histoire, élégante et parfois pompeuse, j'ai été séduite.
Voilà exactement le livre dont j'avais besoin. Si vous aimez les fresques, le romanesque, alors foncez!
Ma note: