Editions Gallimard - 2018- 246 pages
Attention coup de coeur, pour ce livre qui se découpe en trois parties: la première se situe au moment où la mère de l'auteure commence ses séjours en hôpital psychiatrique et les périodes où elle revient vivre avec ses deux filles pré-ados. Elle se révèle être une mère atypique, non conventionnelle, instable, passant de l'amour fou d'une mère pour ses filles à une certaine violence, verbale surtout. Cette partie est celle qui m'a le moins intéressée, je l'ai trouvé répétitive et me suis parfois ennuyée. Mais il ne faut surtout pas abandonner!
Dans la seconde partie, l'auteure choisit la voie du roman, largement autobiographique cependant, pour raconter la vie de sa mère, jusqu'à sa naissance et celle de sa soeur, pour arriver enfin au début de la permière partie.
Catherine, donc, n'est déjà pas une enfant désirée. Atteinte d'une maladie, elle vit à l'hôpital, où sa mère ne lui rend jamais visite, jusqu'à l'âge de sept ans, âge auquel elle intégre l'école sans avoir jamais vécu en collectivité auparavant. Puis, ce sera sa passion pour la danse, malgré un handicap physique au niveau de ses jambes, son premier mariage, et la rencontre avec le père de ses filles. Une vie pour le moins rocambolesque.
La dernière partie commence au décès de Catherine, alors que ses filles sont adultes et autonomes. L'auteure reprend le fil du récit à son compte et raconte comment elle a vécu et géré la mort de sa mère, avec sa soeur (à qui le livre est dédicacé).
J'ai eu un véritable coup de coeur pour ce livre, que j'ai fini tard dans la nuit, en larmes. Et pourtant, c'était mal engagé car au cours de la première partie, j'ai failli abandonner, le récit peinant à évoluer. Mais alors, à partir de la deuxième, je n'ai pas pu lâcher ce livre. Sauf parfois pour reprendre mon souffle tant j'étais submergée par l'émotion. Je me suis fait totalement surprendre, je ne m'attendais pas à une telle réaction.
Violaine Huisman nous relate comment la vie de sa mère l'a amenée à ce qu'elle est devenue, avec une bienveillance admirable: non désirée, elle passe les premières années de sa vie à l'hôpital où elle ne reçoit aucune visite de sa mère. Puis, les diffcultés qu'elle a rencontrées lorsqu'elle a enfin pu être scolarisée, elle qui n'avait jamais été sociabilisée auparavant. Son premier mariage avec Paul, un homme gentil et prévenant, qui lui a permis d'ouvrir son école de danse à Marseille. Et sa rencontre avec Antoine, le père de ses enfants, un homme marié et foncièrement volage, avec qui elle mène grand train.
Comme dans d'autres livres qui retracent le destin d'une mère vu avec les yeux de son enfant, ce qui m'a touchée n'est pas tant le personnage de la mère en lui-même -bien qu'ici il soit particulièrement bien traité,- que le regard que pose l'auteure sur sa mère, la façon dont elle en parle. Quel amour inconditionnel! Quel vibrant hommage! qui s'expriment pleinement, grâce à une écriture sublime.