Editions Grasset - 2018 - 157 pages
Antoine, la soixantaine, rend régulièrement visite à son père, veuf d'origine sarde, qui a travaillé toute sa vie dans les mines. Enfant, en Sardaigne, il était berger et n'a jamais pu aller à l'école. Leurs relations sont difficiles mais elles sont. A quatre-vingts ans, le père demande un beau jour à son fils de lui apprendre à lire. D'abord incrédule face à cette demande sur le tard, Antoine finit par accepter. Mais l'apprentissage se révèle peu satisfaisant. Aussi, sur un coup de tête, Antoine propose à un jeune escort qu'il fréquente, Ron, et qui aspire à devenir instituteur en Australie, de devenir le professeur de son père.
Encore une belle découverte avec ce premier roman très touchant. Il y est ici question de la relation père / fils, de deux êtres qui s'aiment mais qui n'arrivent pas à se le dire. L'un, le père, parce qu'on ne le lui a jamais appris. Exprimer ses sentiments, dire qu'on aime, cela n'existe pas dans son éducation, à la dure. Il appartient à la catégorie des taiseux, rugueux et acâriatre. Et l'autre, le fils, qui n'écoute pas, ne lit pas entre les lignes, qui s'est toujours senti mal aimé, vu comme un mauvais fils.
Entre eux, Ron devient le trait d'union, celui qui va délier la parole et enfin offrir à ces deux êtres l'occasion de se parler, que le père puisse exprimer à quel point il est fier de son fils, depuis toujours. Et à Antoine de mieux comprendre l'histoire de son père et les raisons qui l'ont amené à être celui qu'il est.
Voilà un roman touchant, très pudique et délicat, qui nous parle de ceux qui nous sont le plus proche mais qu'on connait finalement si mal, qu'on ne prend pas le temps d'écouter. L'écriture est très plaisante aussi. Un premier roman prometteur.
Ma note: