Editions Jacqueline Chambon - 2009 pour l'édition originale - 2010 pour la traduction française - 517 pages
Présentation de l'éditeur:
Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée.
Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot.
La jeune bourgeoise blanche et les deux bonnes noires, poussées par une sourde envie de changer les choses malgré la peur, vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.
L'avantage du confinement aura été sans nul doute de sortir de ma PAL des livres qui attendaient depuis longtemps sur mes étagères. Celui-ci en fait partie, cela faisait dix ans qu'il était là, et bien m'en a pris. Ce que j'ai trouvé formidable, c'est ce que ce livre est tout en nuances dans le sujet qu'il traite. Ce que décrit l'auteure du rapport entre les Noirs et les Blancs se révèle très intéressant: les bonnes s'occupent de la cuisine, du ménage des familles blanches, mais aussi de l'éducation des enfants, jusqu'à l'adolescence à peu près, et ça n'est pas rien. On leur confère parfois une grande confiance, on compte sur elles, et certaines n'hésitent pas à faire preuve de caractère, à l'instar de Minnie, quand bien même le rapport de forces reste biaisé au départ. On n'est plus au temps de l'escalavage, je n'ai pas pas perçu de misérabilisme, c'est encore autre chose, une autre étape. L'auteure montre bien que nous sommes encore loin de l'égalité, alors même que la communauté noire s'empare de la revendication des droits civiques, non sans représailles parfois très dures.
Et on en est d'autant plus loin que du côté des Blancs, à part certains qui restent intimement convaincus de leur supériorité, pour la plupart, la différence Blanc / Noir est un fait établi, c'est dans l'usage: c'est comme ça, et on ne se pose même pas la question de savoir si cela est légitime ou non, juste ou non. Beaucoup de Blanches développent une grande affectation, réciproque souvent, pour celle qui les a élevées, que ces femes doivent presque refouler lorsqu'elles deviennent elles-mêmes maitresses de maison.
Ce que j'ai aimé aussi, c'est qu'il s'agit d'un roman de femmes. Les hommes sont très peu présents, souvent absents, et délèguent la gestion du ménage à leurs épouses.
Il me semble qu'il s'agit de l'unique roman de cette auteure, qui a mis cinq ans à l'écrire, d'inspiration largement autobiographique. Comme vous l'aurez compris, j'ai adoré ce livre, que j'ai trouvé passionnant. Un coup de coeur.
Ma note: