Editions Folio- 2019 pour l'édition originale- 2020 pour l'édition poche- 342 pages
Jean et Claire Farel, lui est journaliste politique à la télévision, elle est essayiste et écrivaine, forment un couple de pouvoir. Issu d'un milieu modeste, Jean a pris sa revanche sur la vie grâce à sa réussite professionnelle, et Claire tente de redonner un second souffle à sa vie. Au moment où commence le récit, Claire décide de quitter Jean, et de vivre avec Adam, son amant, professeur de français.
Claire et Jean ont un fils, Alexandre, un jeune adulte brillant qui suit ses études dans la prestigieuse université de Stanford aux Etats-Unis. A l'occasion d'une soirée organisée par l'un de ses amis, Alexandre emmène avec lui Mila, la fille d'Adam, sur les recommandations de sa mère. Au cours de cette soirée, sortis pour acheter de quoi fumer, ils ont une relation sexuelle, à la suite de laquelle Alexandre avoue à Mila qu'elle s'inscrivait dans une sorte de pari ou de bizutage, laissant ainsi la jeune femme dans une situation de désarroi. Quelques jours plus tard, Alexandre est placé en garde à vue, accusé de viol. Que s'est-il vraiment passé lors de cette soirée?
Karine Tuil aborde le sujet très actuel du consentement dans ce livre. La première partie est consacrée au portrait des protagonistes, surtout le couple Farel, leur mode de vie, leurs codes, où avoir une double vie est monnaie courante, où on baigne dans une atmosphère de pouvoir où tout (ou presque) est permis. Les parents sont souvent absents, aussi les enfants trouvent-ils des palliatifs, sans se soucier de l'aspect financier.
La seconde partie se déroule au cours du procès d'Alexandre, et on s'y croit vraiment. Le phrasé, les intervenants, tout sonne juste. Et c'est là que Karine Tuil amène la véritable problématique: viol ou pas viol? Consentement ou non? Les perceptions sont différentes, selon plusieurs paramètres: l'éducation, le milieu social, les pratiques...mais aussi tout cet impalpable qui fait la nature humaine des uns et des autres. L'auteure instille le doute, c'est-à-dire que chacun des protagonistes a ses raisons, je dirais même sa bonne foi, qui rendent ces jugements très délicats.
Un livre que j'ai trouvé très juste, qui questionne, qui bouscule, lu d'une traite.