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Editions Albin Michel - 2022- 294 pages
Joseph Vasseur est né à Paris en 1919. Il vit avec sa mère, Colette et sa grand-mère paternelle, dans le quartier Bastille. Paul, le père, ancien soldat de la Première Guerre mondiale, une gueule cassée, est mort des suites de la grippe espagnole. Ils font partie des classes populaires, mais Joseph est un enfant heureux, chéri par sa mère, il va à l'école et retrouve ses copains après pour jouer au foot. Colette est plumassière, elle confectionne les plumes pour les chapeaux, les costumes des artistes du théâtre, du music-hall. Lorsque sa mère meurt brutalement, Joseph se retrouve seul avec sa grand-mère pendant quelques mois, jusqu'à ce que cette dernière soit emmenée à l'hôpital Ste Anne. Il devient alors un enfant de l'Assistance publique, un pupille de l'Etat. Il a sept ans.
Il est d'abord placé dans une famille de paysans à Abbeville, qui complète ses revenus en recueillant des enfants de l'Assistance. Mais les choses ne se passent pas bien. Joseph revient alors à Paris où il est emmené à la prison pour enfants de la Petite Roquette. Dans cet établissement, les enfants sont isolés dans des cellules, des cours individuelles pour la promenade. Il leur est interdit de parler, d'émettre un son, ils n'ont aucun contact entre eux. Au bout de quelques mois, Joseph rejoint la colonie agricole pénitentiaire de Mettray en Touraine. Affectés aux travaux des champs ou à la blanchisserie, les enfants travaillent du matin au soir, sous l'oeil des gaffes, ces surveillants sans aucune pitié, le plus souvent alcoolisés. Ce n'est ni plus ni moins qu'un bagne pour enfants. Dans cette colonie, on a mis en place une fanfare, chargée de jouer à différentes occasions. Joseph a toujours été sensible à la musique, elle sera peut-être la voie de son salut...
Dire que ce livre a été un coup de coeur pour moi serait peut-être inapproprié tant il reste un livre dur. Mais je peux affirmer qu'il appartient à la catégorie des livres coup de poing, qui vous secouent et vous bouleversent. Le parcours de ce titi parisien est absolument saisissant, et illustre la vie de ces enfants des villes, pauvres pour la plupart, sous la IIIème République. Les passages lorsque Joseph va de sa famille d'accueil, à la prison puis à la colonie sont parfois insoutenables. Les enfants sont complètement déshumanisés, certains perdent l'usage de la parole, la violence, la maltraitance, les insultes, les abus sont omniprésents. Ils apprennent à encaisser, à se taire, à dissimuler.
Certains liens se nouent malgré tout, et pour Joseph, ce sera la musique, qui lui rappelle la vie du temps où sa mère était vivante, cette période heureuse, la musique qui lui redonne un espoir, aussi infime soit-il.
Sans dévoiler la suite du récit, j'ai aimé jusqu'au bout la tournure que prenaient les choses, la trajectoire des personnages. J'ai apprécié un peu moins de noirceur sur le dernier tiers du livre, qui redonne un peu d'air, et même du positif. J'ai été complètement happée par ce livre, dur je le répète, mais passionnant, qui m'a totalement bouleversée. Je vous le conseille, si vous êtes prêts à affronter des moments difficiles, traduisant néanmoins une réalité.
Ma note: