Editions Folio- 2020 pour l'édition originale - 2021 pour l'édition poche - 354 pages
Marseille, années 80. Karel vit avec sa soeur Hendricka et son petit frère Mohand à la cité Artaud, dans les quartiers Artaud. Sous le joug d'un père tyrannique, les brimades, les humiliations, les violences sont le quotidien de la fratrie, auxquelles assiste la mère soumise. Karel trouve une sorte de refuge auprès des gitans qui habitent au passage 50, à proximité de la cité. Communauté elle aussi exclue, il passe du temps avec ces familles. Et puis il rêve, avec son frère et sa soeur, à un avenir meilleur, loin de cette cité, de cette pauvreté et surtout de son père. Mais comment vaincre le déterminisme social, comment s'affranchir d'une violence peut-être inscrite dans ses gènes?
C'est peu dire que ce livre est une véritable claque. Je l'ai lu, avec avidité, d'une traite. Le récit suit le parcours de Karel sur une vingtaine d'années et propose une radioscopie de cette jeunesse des quartiers nord de Marseille et de ses habitants. La pauvreté, la drogue, l'absence d'avenir et de perspectives, la violence font partie du quotidien, mais aussi l'amitié, l'amour, et la musique- chaque chapitre ou presque est le titre d'une chanson, avec une prédominance pour I Am qui a su porter la voix de ces quartiers dans les années 90. Aucune mention de la mer, des plages, tout cela n'existe pas pour eux.
Certaines scènes sont très dures, notamment celles avec le père, retrouvé assassiné quelques années plus tard; le lecteur l'apprend dès le début du livre. Avec une telle histoire, comment s'en sortir dans la vie, comment casser la spirale?
Je suis très insatisfaite de la façon dont je parle de ce livre, je ne parviens pas à retranscrire combien ce livre m'a plu et marquée. Je ne peux que vous inviter à le lire.