Editions Gallmeister - 2023 pour l'édition originale et la traduction française - 484 pages
Comme à son habitude, Peter Farris nous emmène en Georgie, dans une histoire avec deux temporalités: de nos jours et dans les années 50. Toxey Bivins, atteint d'une sorte de maladie d'Alzheimer, confie à sa fille Cynthia un épisode de sa vie survenu lorsqu'il était jeune, à peine sorti de l'adolescence. Commis dans une quincaillerie à Mercy Oaks, passionné de photographie, il fait la connaissance de Frida, une vétérinaire et naturaliste employée dans la réserve de la Lokutta. Réserve où l'on vient de retrouver le corps d'une jeune femme noire près de la rivière. Réserve qui appartient à la riche et puissante famille Reese, dont le fils Elder, un homme sans scrupules, est en pleine campagne électorale pour devenir sénateur.
Et c'est ce même Elder, devenu homme politique, qui cherche des décennies plus tard à briguer la Maison Blanche, et qui décide Toxey à révéler ce qu'il tait depuis toutes ces années.
L'auteur propose un livre éminemment politique qui vise à dénoncer la corruption, le populisme et les divisions auxquels sont en proie les Etats-Unis. Le personnage d'Elder Reese, par ses méthodes, ses discours, ses manipulations, ressemble à s'y méprendre à un récent ancien président américain...C'en est glaçant.
Peter Farris s'attache aussi à nous livrer un roman social, symbolisé surtout par Toxey (mais pas seulement), jeune Afro-Américain qui vit avec ses parents, ses soeurs, ses neveux et nièces, dans le quartier pauvre de la ville, mais sans jamais tomber dans le pathos.
Beaucoup de personnages gravitent autour de ces protagonistes.
Un très bon roman américain, dense, qui pose un regard malheureusement lucide sur les Etats-Unis d'hier et d'aujourd'hui.
Ma note: