Editions Phébus - 2012- 139 pages
Histoires de Japonaises qui émigrent en Amérique au début du XXème siècle, pour aller vivre avec un mari qu'elles n'ont vu que sur photo et à travers quelques lettres échangées. Issues de la campagne ou des villes, elles aspirent, ainsi que leurs parents, à une vie meilleure. La déception est grande lorsque, s'attendant à rencontrer de beaux genlemen , elles s'aperçoivent qu'ils sont bien plus vieux que sur les photos, qu'ils ont les mains cailleuses et sont, pour la plupart, des rustres. Elles deviennent ouvrières agricoles, domestiques das les banlieues ou les villes, prostituées. Certains arrivent à monter leur propre affaire: épicerie, blanchisserie, bar à nouilles...C'est leur parcours, de leur perception par les Blancs à leur difficile intégration, la naissance et l'éducation de leurs enfants et enfin leur mise au ban à l'arrivée de la Seconde Guerre Mondiale, qui est ici raconté.
Roman magnifique, qui pourrait être une documentaire, retraçant le parcours de ces femmes mais aussi de toute une communauté, subissant le sort réservé aux immigrés. Leur destin n'est pas sans rappeler celui des Noirs sous bien des aspects. Ce témoignage trouve son intérêt dans ce qu'il fait la lumière sur cet épisode méconnu de l'Histoire, accentué par la coutume de ce peuple à être très discret.
Roman choral qui utilise le "nous" pour parler du destin de ces femmes, représentant l'appartenance à un groupe qui efface les individualités, rend anonyme mais qui traduit la diversité des expériences de chacune. Poignant, émouvant, l'écriture est remarquable (bravo à la traduction),
Vous l'aurez compris, un coup de coeur pour moi et je vous recommande cette vidéo de l'auteure qui explique comment est né ce livre:
http://www.editionsphebus.fr/certaines-n-avaient-jamais-vu-la-mer-julie-otsuka-9782752906700
Lecture commune avec Valérie , Mélo, Hélène, Sandrine
Ma note : 5 / 5