Seuil Editions - 2014- 230 pages
Izieu appartient à la mémoire collective de la Seconde Guerre Mondiale, tout comme Oradour sur Glane. L’auteure propose ici une enquête de mémoire et d’histoire, les deux notions étant parfois assez difficiles à dissocier.
Dominique Missika s’attache à traiter de cet événement tragique à travers le personnage de la jeune institutrice de la colonie, absente ce jour fatal, pour cause de départ anticipé en congés de Pâques. La description de la rafle n’est souvent que suggérée, en tous cas sans force détails, ce qui rend encore plus forte l’émotion.
Ce constat fait naitre d’emblée un fort sentiment de culpabilité chez cette jeune femme que rien ne préparait à une telle tragédie. Cette culpabilité la suit tout au long de sa vie et que l’on retrouve chez les personnes qui sont revenues de déportation en particulier : pourquoi moi et pas les autres ? Pourquoi les autres et pas moi ?
Le sujet en lui-même de ce document ne peut que rencontrer l’adhésion du lecteur, lequel en apprend d’ailleurs beaucoup sur les circonstances du drame et surtout l’après, menant au procès de Klaus Barbie. L’auteure rend ainsi un vibrant hommage aux recherches et aux travaux entrepris par le couple Klarsfeld pour identifier et faire juger les criminels nazis.
Ceci dit, j’ai eu parfois le sentiment que l’auteure s’était laissé submerger par son sujet pour lequel elle semble très impliquée. J’ai trouvé la description de cette institutrice un peu trop mièvre et bucolique, surtout au début, avec l’impression de lire un roman, sans grand intérêt parfois. Il a peut-être manqué à l’auteure un peu de distance. Le fait qu’elle n’ait pu rencontrer la protagoniste de son vivant a sans doute joué ; probablement que ce livre aurait été différent.
Mais ce document a le mérite de se consacrer à un événement qui ne doit pas être oublié et qui donne envie d’aller plus loin.
Ma note: