Editions Métaillié Noir - 2012- 452 pages
En Laponie, de nos jours. Un tambour lapon, objet sacré, vient d'être volé au musée de Kautokeino. Quelques jours plus tard, c'est Mattis Labba, un éléveur de rennes, solitaire et alcoolique, qui est retrouvé mort, les oreilles coupées, méthode utilisées sur les rennes pour empêcher leur identification. Klemet, Lapon d'origine, et Nina, jeune diplômée de l'école de police et affectée à la police des rennes, sont désignés pour enquêter sur ces deux affaires appremment liées.
Découvrir des lieux, des modes de vie mal connus voire inconnus, voilà ce que peut apporter un livre. Rares sont les arts permettant de s'imprégner des atmosphères, de mettre en exergue des façons de vivre, de manière aussi approfondie. Nous voici en immersion dans une région, la Laponie, au Nord des pays scandinaves, où, oui oui, il y a de la vie. Vision pleine d'a priori qui en prend un coup puisque qu'en Laponie il y a la télé, des micro-ondes, des ordinateurs et même des vieux Lapons limite ermites qui utilisent Skype! Ce pays où il fait très froid bien sûr, où la police des rennes (et les autres) circule sur un scooter des neiges, où pour aller voir les éleveurs de rennes, il faut se préparer comme pour une expédition. Cela m'intrigue toujours de savoir comment les gens vivent dans un milieu si différent de ce que nous connaissons, où à -10° il fait bon!
Olivier Truc situe son intrigue dans cette région qu'il semble très bien connaitre (il est journaliste et vit en Norvège) dont la géographie très particulière se trouve au nord de plusieurs pays scandinaves (historiquement une ancienne colonie suèdoise). On en apprend beaucoup sur les modes de vie et les relations entre les différentes populations qui cohabitent. Le racisme envers les Lapons, la persécution dont ils ont été victimes, qui n'est pas sans rappeler le Tibet face à la Chine. Et puis les ravages de l'alcool sur ces populations. De ce point de vue, c'est très instructif et vraiment intéressant et original. On en apprend beaucoup, c'est dense et rien que pour ça ce livre mérite d'être lu.
Le rythme est assez lent, ce qui colle assez bien avec l'ambiance qui se dégage de cet environnement, les grands espaces, cette impression de silence et de calme, en apparence, cette neige qui étouffe les bruits. Cela étant, j'ai trouvé parfois que c'était un peu trop lent.
Ce livre a obtenu le prix Quai du Polar 2013 et fait partie de la sélection Gouttes de Sang d'Encre 2013 à Vienne.
EDIT du 22 novembre: c'est ce livre qui a remporté le Prix Sang d'Encre et Gouttes de Sang d'Encre de Vienne 2013. J'avais voté pour Des noeuds d'acier de Sandrine Collette mais je suis contente aussi pour celui-ci.
Ma note: