Seuil Editions - 2006 pour l'édition originale- 2012 pour la traduction française - 280 pages
Caroline du Nord, années 1970. Travis, 17 ans, travaille dans les champs de tabac avec son père, avec lequel il est en conflit ouvert et auprès duquel il peine à trouver une reconnaissance. Un jour, parti pêcher, il découvre des plants de cannabis au milieu d'un vaste champ appartenant au redoutable Carlton Toomey. Voyant là l'occasion d'améliorer ses maigres revenus, Travis coupe quelques plants qu'il revend à Leonard, ex-professeur, devenu dealer. Lors de sa troisième visite, Travis se fait surprendre par Toomey qui lui sectionne le tendon d'Achille en représailles. Rejeté par son père, il trouve refuge dans le mobile home de Leonard. Naît alors entre les deux hommes une amitié discrète, menant à la construction et à la reconstruction de l'un et de l'autre.
L'histoire met en scène des personnages cabossés par la vie: Travis est un adolescent naïf, en quête de l'amour de son père, mal dans sa peau, un peu voyou. Leonard, lui, cherche aussi un nouveau sens à sa vie, depuis qu'il a été séparé de sa fille Emily, partie en Australie avec la mère de la fillette. Il est aussi meurtri par son renvoi injuste de son poste d'enseignant, à la suite d'une accusation imaginaire, qui l'a déchu de ses fonctions.
Nous sommes ici dans un roman d'apprentissage. Le jeune Travis se cherche, essaie de se construire, dans son passage à l'âge d'homme, constamment sur le fil entre le droit chemin et la délinquance. On ressent très bien cette fragilité caractéristique de cette période de l'adolescence. Il trouve un père de substitution en la personne de Leonard Shuler, qui transmet à Travis son intérêt pour la guerre de Sécession dans leur ville, dont ils sont les descendants des protagonistes. Leonard a d'ailleurs reçu en héritage un registre d'un de ses aïeuls médecin à cette époque, dont on suit les extraits tout au long du livre. Ils s'attardent plus particulièrement sur un massacre perpétré en janvier 1863 dans la ville.
Chacun sert de béquille à l'autre et leur intérêt commun de s'approprier l'Histoire locale et de fait, leur propre histoire, permettent à Leonard d'opérer sa reconstruction.
A leurs côtés, la nature occupe une place prépondérante. Les personnages vivent avec cette nature grandiose, très bien décrite.
J'ai bien aimé cette lecture même si j'ai un peu décroché par moments. Les épisodes sur la guerre de Sécession paraissent parfois un peu décalés. Mais l'histoire de Travis est intéressante, personnage qui veut sortir de sa condition, prouver qu'il vaut mieux que son père prétend, chez qui on sent toujours une fébrilité qui peut tout remettre en péril au moindre faux pas.
Et l'environnement, la nature sont des personnages à part entière. J'ai été subjuguée par les descriptions, et j'en suis la première étonnée car ce n'est d'habitude pas ma tasse de thé. D'ailleurs, si je n'avais lu d'autres avis sur des blogs, ce n'est pas la couverture qui m'aurait tentée.
Une lecture agréable, un auteur que je relirai sans nul doute.
Ma note : 3,5 / 5