Editions Galaade - 2015 pour l'édition originale et la traduction française- 371 pages
Gaza n'a que neuf ans lorsqu'il est initié au métier de passeur de clandestins qu'exerce déjà son père. Très vite, il est confronté à la déshumanisation , de ces clandestins qu'on appelle marchandises, et puis aussi à la sienne.
La première partie du livre traite de l'activité de passeur, à travers les yeux d'un enfant d'une dizaine d'années puis adolescent, plongé très tôt dans ce monde de violence, sans pitié qu'est le trafic d'êtres humains. Au début réticent à suivre les traces d'un père (il est orphelin de mère), un personnage cynique et insensible, dont il ne sait s'il faut l'aimer ou non, il perd rapidement toute forme d'humanité face à cette marchandise qu'il faut emmener d'un point A vers un point B, sans encombre, c'est-à-dire sans en perdre. C'est pourtant ce qui arrive un jour à Gaza qui, faute d'avoir ouvert une porte pour laisser le minimum d'oxygène nécessaire, laisse mourir un clandestin afghan. Et cette mort va le hanter toute sa vie. S'ensuivent des viols, des tortures psychologiques.
Puis, à la suite d'un événement dont je ne dévoile rien ici, Gaza va s'engager sur le chemin de la rédemption. Mais celui-ci est long et semé d'embûches. Parce que Gaza est un être très abîmé, pas si facile à réinsérer pourrait-on dire. Son instinct de dominateur, voire de predateur qui lui a ete inculqué tout petit le rattrape souvent.
J'ai beaucoup aimé la première partie du livre. Le récit est glaçant mais très empreint de réalisme. L'auteur montre bien que son personnage a appris très tôt ce qu'était l'instinct de survie, la loi du plus fort aussi , l'idée de sauver sa peau, à l'instar de ce que lui relate son père au tout début du livre (il a survécu au naufrage d'un bateau en volant la bouée de sauvetage d'un vieil homme malade). Toute l'activité de passeurs ne se limite pas qu'à quelques personnes mais qui continue de fonctionner avec la complicité de policiers, des notables corrompus à qui l'on verse des pots-de-vin.
Pour ce qui est de la seconde partie, je ne sais pas si cela est trop abstrait pour moi, mais j'ai décroché. Le rythme devient plus lent, j'ai trouvé que le récit manquait de souffle à moment-là. Pourtant, la réflexion sur la possibilité d'une rédemption chez des gens qui ont baigné dans la violence sous toutes ces formes mérite d'être soulevé, j'en conviens parfaitement, mais je me suis un peu perdue..
Une lecture en demi-teintes, mais toute la partie sur le trafic d'êtres humains est particulièrement saisissante.
Ma note: