Mon petit chapitre par Anne

Editions Ombres Noires - 2012- 462 pages

En ce moment, les polars / thrillers français me réjouissent particulièrement. En voilà encore un exemple avec celui-ci. D'emblée, j'ai trouvé la couverture intrigante et très réussie.

Janvier 2008: une explosion se produit à Thines, petit village de l'Ardèche, provoquant la mort de quatre-vingt-neuf personnes et laissant un paysage de désolation. Les cadavres sont méconnaissables et présentent des lésions et mutations jusque là inconnues des légistes. Qu'ont subi ces hommes et ces femmes? La petite brigade ardéchoise, dépassée par l'ampleur de la tâche, reçoit rapidement du renfort de la police lyonnaise, en la personne du commandant Vincent Augey. Déjà en charge de l'enquête sur l'assassinat d'un haut fonctionnaire, il voit peut-être un lien avec ce drame hors du commun.

De son côté, Laure Dahan, seule rescapée du sinistre, et pour cause puisqu'elle en est à l'origine, suit une quête: retrouver sa fille qu'on lui a enlevée à sa naissance. Libérée de l'emprise de son père, cerveau d'expériences génétiques et de clonage, elle est déterminée à anéantir son entreprise , et ce quel qu'en soit le prix. Même si elle est toujours porteuse d'un virus qui la condamne, elle entend faire payer les responsables de son état.

Ce livre est un roman d'anticipation mais aussi un thriller. La scène de l'explosion est particulièrement saisissante et donne le ton pour la suite du livre.

Le sujet porte sur les nanotechnologies, le cadre assez flou qui les entoure et les limites qu'impose l'éthique. En effet, tout n'est pas très clair et pire, certaines recherches, aux finalités douteuses et ouvrant la porte à toutes les dérives, sont couvertes par les autorités. Cela montre qu'il faut faire preuve d'une grande vigilance pour toujours garder la maitrise sur ces pratiques, qui peuvent par ailleurs servir la science, ce qui est tout de même son but premier. Même si nous sommes dans un roman d'anticipation où il est question de patrimoine génétique modifié, de clonage, de puces électroniques greffées sur les humains, cela fait quand même peur.

Je dois avouer que j'ai du m'accrocher un peu pour suivre toute l'évolution de l'intrigue sur ces thèmes. L'auteur a toutefois essayé de vulgariser au maximum son propos tout en n'étant pas simpliste. Très bien documenté, cela reste malgré tout accessible, même si je pense que certaines choses m'ont échappé mais parleront à d'autres plus familiers avec ces thématiques.

Enfin, j'ai beaucoup apprécié les personnages, en particulier Vincent Augey et la relation difficile qu'il entretient avec sa femme Elisabeth, dépressive à la suite de plusieurs fausses couches et d'une opération l'ayant rendue stérile. J'ai trouvé que cette relation était traitée avec beaucoup de finesse, rendant les personnages très attachants.

En bref, un thriller très bien construit, au rythme efficace, servi par une plume pas forcément exceptionnelle mais agréable à lire. 

Un très très bon moment de lecture.

A noter cette toute nouvelle maison d'éditions, dirigée par Nelly Bernard qui vient d'Actes Sud.

Ma note : 4 / 5

Editions du Seuil - octobre 2011- 392 pages

Largos, petite bourgade du Sud-Ouest de la France. A 68 ans, Jon Ayaramandi, ancien tueur à gages a décidé de raccrocher et de faire valoir ses droits à une retraite bien méritée. Il s'installe dans une petite ville portuaire dans le Pays basque,  où s'organise sa petite vie. Il se lie d'amitié avec Perle, une mère célibataire un peu paumée, et sa fille Luna, pour qui il est un peu père et papy. Il fréquente régulièrement le Cap'tain bar, dont le tenancier, Jean-Luc Taureau (ce nom m'a beaucoup fait rire, allez savoir pourquoi) est son ami avec il partage notamment sa passion du rock garage.

Tout se passe paisiblement jusqu'au jour où Jon aperçoit un ancien "associé", Burger, dans un bar PMU de la ville, une présence qui ne laisse présager rien de bon...Mais notre jeune retraité n'aspire qu'à une chose: être tranquille et profiter du temps passé avec Louise, séduisante quadragénaire avec qui il re-découvre la douceur de l'amour.

Pourtant, quelques jours plus tard, on signale la disparition inquiétante d'Al, pêcheur solitaire et ami. Poussé par Perle, petite amie d'Al, Jon doit reprendre du service.

J'aime être surprise par mes lectures. Débuter un livre, sans rien en attendre, presque avoir des a priori. Et puis finalement, être bluffée! Je craignais un style trop familier, des situations un peu underground, une intrigue qui ne prenne pas ou qui s'essouffle.

Et pas du tout. J'ai adhéré tout de suite au style de l'auteur, très riche et approprié. Puis, je me suis laissée embarquée dans l'histoire, tranquillement. J'ai lu avec beaucoup de plaisir, en me faisant souvent la réflexion que, pour un premier roman, c'est une réussite! Nous avons affaire à un talent très prometteur.

L'intrigue donc se met en place, avec ses personnages tous un peu borderline, l'humour y a aussi sa place et l'intérêt reste éveillé tout au long du roman. Les chapitres sont très courts, parfois entrecoupés de citations/ définitions souvent bien senties.

Le personnage de Jon se révèle très savoureux. Reparti pour traquer sa cible, chose qu'il a fait toute sa vie, il est persuadé d'être le meilleur dans l'exercice, comme au bon vieux temps. Sauf qu'il n'a plus tout à fait la main et se retrouve dans des situations cocasses, sur fond tragique cependant. J'ai souri à de nombreuses reprises.

Les références musicales sont aussi très présentes, dommage qu'une playlist n'ait pas été recensée à la fin.

Cela a été ma première lecture dans le cadre du Festival Gouttes de Sang d'Encre: quand je vous disais que s'y cachaient des talents...

Vous l'aurez compris, je vous recommande cette lecture très sympathique.

Ma note : 4,5/5

Le Cherche Midi -2011- 462 pages

Un réveil qui ne sonne pas, un avion manqué pour réaliser une interview. Voilà comment Tom Valle, journaliste, en vient à inventer des histoires, à fabriquer des reportages et interviews bidons. Toujours détenteur DU scoop, de l'histoire et du témoignage après lesquels courrent tout journaliste, Tom Valle fait grimper l'échelle du sensationnalisme. Jusqu'au jour où on découvre le pot aux roses.

Tom est alors parachuté dans une petite bourgade quasi désertique, au journal local, à la rubrique des chiens écrasés, et trainant une réputation plus que pesante (mais réelle) d'affabulateur. Jusqu'au jour où un banal accident de voiture le fait reprendre du service, et enquêter de manière plus approfondie sur des phénomènes et circonstances étranges.

 Il me faut préciser que j'ai attendu un jour ou deux (bref, une éternité ;-)) avant d'enchainer après La ballade de Lila K, qui m'avait laissé comme en apesanteur.

 Alors, je vous le dis tout de suite, je me sens telle une extra-terrestre de la blogoshère avec ce livre, qui a suscité un enthousiasme général. Je suis complètement passée à côté de ce roman, à aucun moment je ne me suis vraiment plongée dans l'intrigue. Ce qui m'a gênée d'emblée, c'est l'écriture (la faute à la traduction??): des phrases courtes, beaucoup de retours à la ligne, un emploi du passé simple qui m'a paru lourd et des touches d'humour, qui ne m'ont pas touchée justement .

Le rythme s'emballe un peu dans le dernier quart du livre mais je dois dire que je me suis forcée pour aller jusqu'au bout. Et le dénouement de l'intrigue...à un moment donné, je dis stop!

Bon nombre de polars et romans noirs m'ont accroché bien mieux que celui-ci, aucune comparaison. Et puis en plus, je n'aime pas la couverture, na !

Bref, je me suis ennuyée sévère. Et cela m'a agacée.

Rassurez-moi: suis-je la seule?

Ma note : 1,5 / 5

Sonatine Editions- publié un première fois en 1993 chez Belfond sous le titre Les ombres du passé, 2012 pour cette réedition- 595 pages

Tout est dans le titre: Heather Mallender a disparu...Jeune institutrice, issue d'un milieu bourgeois anglais, Heather vient passer quelques jours de vacances dans la villa d'un ami de son père, le secrétaire d'Etat à la Défense anglais Alan Dysart, sur l'ïle de Rhodes. Elle y fait la connaissance du gardien de la demeure, Harry Barnett, la cinquantaine, homme solitaire et désabusé. Les quelques jours passés en la compagnie d'Heather lui redonne du baume au coeur et de l'espoir. Jusqu'au moment de sa disparition, sur le mont Prophitias où ils étaient partis se promener. Ne se sentant pas le courage de poursuivre l'ascension, Harry attend en vain le retour de la jeune femme, avant de se rendre à l'évidence: celle-ci a disparu...

En l'absence d'indices et de pistes, la police grecque conclut rapidement à sa mort, quand bien même aucun corps n'a été découvert. De son côté, Harry a l'intime conviction que toute cette affaire est bien plus complexe qu'elle n'y parait. L'enquête qu'entend mener Harry le ramène sur ses terres, en Angleterre. Munis de photos prises par Heather quelques temps avant sa disparition, comme des jalons vers le chemin de la vérité, c'est autour d'un microcosme de personnages que se concentre la clé de l'énigme.

J'avais déjà entendu parler de Robert Goddard par son précédent roman réédité chez Sonatine,  Par un matin d'automne, qui avait recueilli de très bonnes critiques. J'ai commencé finalement par celui-ci et autant dire que ce pavé m'embarquait vers l'inconnu.

Eh bien, j'ai beaucoup aimé cette lecture, on ne s'ennuie pas, tout se déroule à un rythme faussement tranquille. On en apprend un peu plus à chaque page et, en effet, toute cette histoire se révèle bien plus complexe et tordue qu'elle n'y parait. Il n'y a pas de meurtres, d'effusion de sang ou d'épisodes glauques, juste une disparition à élucider. Robert Goddard réussit ce tour de force de tenir en haleine le lecteur,  avec un style d'écriture très fluide, sans longueurs et ce sur 600 pages!

Le final se révèle lui aussi à la hauteur : surprenant et captivant.

J'étais impatiente à chaque fois de retrouver cette histoire et ses personnages.

Une belle découverte, une lecture très sympathique. Tout près du coup de coeur.

Ma note : 5/5

350 pages - Actes Sud Noirs - 2012

L'histoire se déroule de 1941 à 1981 en Espagne. Nous sommes au lendemain de la guerre civile espagnole, Franco est au pouvoir. Dans la région de l'Estramadur, à l'Ouest de l'Espagne, à la frontière portugaise. Epaulé par son bras droit Publio, le lieutenant Guillermo Mola, un des chefs de la Phalange, sème la terreur sur sa famille. A tel point qu'Isabel, sa femme, aidée par son amant et des

sympathisants, constitue un groupe clandestin chargé de tuer son mari lors d'un attentat. Celui-ci échoue, Guillermo n'est que blessé. Quelques semaines plus tard, Isabel est exécutée dans une carrière par l'homme qui l'a trahie. Afin d'étouffer l'affaire, Publio fabrique un coupable de toutes pièces: Marcelo, le précepteur sans histoires du deuxième fils d'Isabel.

Le lieutenant Mola décide alors de quitter la région et de rejoindre Barcelone...

Des années plus tard, au début des années 1980, Maria Bengoechea mène une vie chaotique: l'échec de son mariage sans enfants avec Lorenzo, mari violent et manipulateur s'ajoute à la routine qui règne dans le cabinet d'avocats qu'elle dirige avec Greta, et qui a bien du mal à décoller. Jusqu'au jour où elle décroche l'affaire qui lui rapporte reconnaissance et notoriété dans le mileu: la condamnation d'un inspecteur de police, César Acabala,  accusé d'avoir plongé dans le coma un indic, à la recherche de sa fille adolescente qui aurait disparu.

Pourtant ce succès laisse un goût amer à Maria et Greta, qui vivent désormais ensemble. Quelque chose cloche dans cette histoire. En effet, le coupable n'est peut-être pas celui qu'on croit et la clé trouve son origine des années en arrière, en 1941.

Alors, je vous le dis tout net, j'ai eu un gros coup de coeur pour ce roman.

Voilà longtemps qu'un livre ne m'avait pas tenue en haleine avec cette intensité. J'ai ressenti cette envie de lire d'une traite cette histoire mais d'un autre côté, je ne voulais pas aller trop vite pour faire durer le plaisir. On apprend plein de choses sur l'histoire de l'Espagne, sur les heures sombres du franquisme, sur les plaies que ce régime autoritaire a ouvert et qui étaient loin d'être refermées à la fin de la guerre civile(et encore aujourd'hui).

L'atmosphère de peur, de suspiscion est palpable et remarquablement retranscrite. L'auteur aborde avec une précision glaçante les horreurs commises en toute impunité par ces chefs du pouvoir phalangiste et autres proches du régime. Attention, certains passages sont très durs et crus.

D'autres épisodes sont abordés: l'envoi de soldats espagnols sur le front russe pendant la Seconde Guerre Mondiale, le putsch raté des généraux en 1981...

Roman très noir, avec beaucoup de suspens, très subtil et dont les pièces du puzzle s'imbriquent au fur et à mesure. 

Je crois qu'il s'agit là du premier roman de Victor Del Arbol, du moins traduit en français, et vraiment chapeau! Autant dire que je vais le suivre de très très près.

Ma note : 5/5

Bref, me voici vraiment enthousiasmée et c'est donc sous les meilleurs auspices que je débute le challenge Voisins Voisines 2012 .