Editions Actes Sud - 2012 pour l'édition originale- 2014 pour la traduction française - 664 pages
Barcelone, 2010. Un cadavre est retrouvé brûlé, suspendu à la Pedrera, célèbre oeuvre de Gaudi. L'assassin a filmé la mise à mort de la victime et a mis en ligne le film sur Internet. Milo Malart, inspecteur de police, écarté suite à une altercation avec un supérieur hiérarchique, est réintégré pour mener l'enquête. On lui affecte une jeune équipière, Rebeca Mercader, chargée plus ou moins de le surveiller.
Quelles sont les motivations de celui qui a perpétré ce meurtre d'une cruauté extrême?
Pfiou, quel roman! J'ai beaucoup aimé ce polar, très dense, le premier de l'auteur, à souligner car le résultat est tout de même impressionnant. L'intrigue se situe à Barcelone, et tourne autour de Gaudi, deux figues essentielles dans le récit. La ville, bigarrée, mystérieuse, en proie aux effets de la crise, mais qui accueille aussi son lot de touristes, révèle ici toute sa complexité, son pouvoir d'attraction, mais aussi sa vulnérabilité. Barcelone, cette ville à qui l'assassin en veut. Le livre traite des évolutions de la ville, notamment lorsque celle-ci a accueilli les Jeux Olympiques de 1992. Il dénonce d'une certaine façon l'obligation pour la ville de donner d'elle une bonne image.
Et les personnages, très réussis, avec du relief, même pour les plus secondaires. Milo Malart, l'inspecteur, qui se bat avec ses démons intérieurs, surtout depuis le suicide de son neveu Marc, chez lui, avec son arme de service. Le besoin de comprendre ce qui a poussé cet adolescent à en finir l'obsède et le culpabilise. L'auteur montre à quel point cette culpabilité le ronge.
Il met autant d'acharnement à démasquer le bourreau de Gaudi, malgré l'hostilité de sa hiérarchie et de certains de ses collègues. Il ne peut compter sur le soutien que de la juge Cabot, qui a poussé pour qu'il soit réintégré dans l'équipe d'enquêteurs, son équipière Rebeca Mercader, tout droit sortie des meilleurs écoles de police américaine, mais qui s'avère beaucoup plus fine et clairvoyante que Milo aurait pu le penser, et le sergent Crespo, toujours prêt à se mettre au service de l'inspecteur.
Un polar haletant, bien ficelé, intelligent. Six cent pages, certes, mais qui se dévorent. Inutile de dire que je guette le prochain livre.
Ma note: