Editions Le Masque - 2012 pour l'édition originale- 2014 pour la traduction française- 244 pages
Moscou, 1948. Ilia Grenko est un brillant violoniste qui se produit sur les scènes les plus prestigieuses d'Europe. Un soir, à la sortie d'un concert, il est arrêté par deux hommes. Emmené au siège du KGB, on l'accuse d'avoir voulu s'enfuir à Vienne, où il projetait de se rendre pour une série de concerts, accompagnés exceptionnellement de sa femme et de ses deux jeunes garçons, Pavel et Ossip. Enfermé dans une cellule où il ne peut tenir debout, il est contraint à singer des aveux, en échange de quoi on lui promet que sa famille sera épargnée. Il est condamné à vingt ans de travaux forcés.
A l'inverse de la promesse faite à Ilia, Galina, sa femme et ses deux enfants sont déportés, en exil. Le KGB explique à Galina que son mari a fui le pays et donc considéré comme un traître.
Soixante ans plus tard, Sacha, le petit-fils d'Ilia et Galina, reçoit une lettre de sa sœur Viktoria dont il avait été séparé très jeune après la mort de leurs parents, où il est question de l'histoire de la famille. Après avoir pris connaissance de certains documents, Sacha constate que tout semble se concentrer autour du Stradivarius de son grand-père, violon disparu lors de l'arrestation d'Ilia.
Enfin je l'ai lu le polar qui allait me captiver de bout en bout. Je la tiens ma pépite polar.
Polar, roman noir et roman historique, le mélange des genres est particulièrement réussi. L'intrigue se situe principalement à l'ère stalinienne après la Seconde Guerre mondiale, où le régime renforce son contrôle de la société et en particulier les milieux artistiques. Ce contrôle sur les esprits, les arrestations, les déportations, les condamnations pour faire disparaître quelqu'un d'un peu trop gênant. La peur des populations de la répression est aussi très bien retranscrite. Ainsi que les conditions de ces prisonniers, conditions abominables qui ne sont pas sans rappeler les camps des nazis.
C'est aussi l'époque où le culte de la personnalité de Staline prend son essor. Les administrations et services de police sont tous affublés de portraits plus que grandeur nature du petit père du peuple.
On suit le destin d'Illia d'une part, de sa femme Galina et ses enfants d'autre part, à la fin des années 40. Puis le moment présent, en 2008, avec Sacha, le petit-fils d'Illia et Galina qui se retrouve sur les traces de l'histoire de sa famille.
J'ai tout aimé, du début à la fin. J'ai aimé le contexte historique (qui n'est pas sans rappeler Enfant 44 de Tom Rob Smith qui m'avait aussi beaucoup plu). Il y a du suspens, peut-être pas au sens où on l'entend pour un polar, mais on a envie de savoir ce qu'il va se passer, je n'arrivais pas à lâcher ce livre. J'ai aimé les personnages, même les moins sympathiques.
L'écriture est tout à fait agréable, ce qui est de plus en plus rare dans les polars.
Je n'avais pas entendu parler de ce livre avant de le recevoir pour le prix Elle, je n'en attendais donc rien de particulier. Que c'est bon de se faire cueillir comme ça...