Editions Philippe Rey- 2010- 282 pages
Etats-Unis, au cours du long week-end du Labor Day, juste avant la rentrée scolaire. Henry, treize ans, vit seul avec sa mère Adele depuis la séparation de ses parents. Il voit son père environ une fois par semaine, qui a refait sa vie avec Marjorie, déjà mère d'un adolescent et avec qui il vient d'avoir une petite fille. De son côté, sa mère se remet mal de cette séparation et des épreuves qu'elle a du traverser dont on apprend la nature au cours de la lecture. Elle sort peu, ne voit personne et s'enferme dans sa relation avec son fils.
Jusqu'au jour où, sortis exceptionnellement pour faire des courses, ils croisent le chemin de Franck Chambers qui leur demande de l'héberger car il est blessé. Ils apprennent très vite, par les médias, que Franck est un prisonnier évadé activement recherché. Mais l'image qu'en donnent les journalistes ne correspond pas du tout à ce que se révèle être Franck: un homme doux, attentionné et gentil, qui redonne à Adele goût à la vie...
Une très belle histoire humaine. D'abord Adele et Franck, deux êtres blessés, meurtris par les épreuves auxquelles la vie les a soumis. Adele, amoureuse de l'amour, rongée par la solitude et le chagrin, et qui ne vit plus que pour son fils. Franck, présenté comme un dangereux criminel, qui n'a pas eu de chance, lui qui ne demandait qu'à vivre comme tout le monde, avoir une vie paisible, mais qui a accumulé les désillusions: la guerre, la tromperie, le mépris.
Et au milieu de cette situation incroyable, Henry, à l'âge de tous les questionnements, de toutes les métamorphoses, qui prend conscience de sa sexualité, des filles. Il voit l'arrivée de cet homme comme une bénédiction dans cette vie où il ne se passe jamais rien. Cet homme qui fait attention à lui, qui lui apprend le base-ball ou comment confectionner une tarte aux pêches. Et surtout le bien qu'il apporte à sa mère, qui l'a ramenée à la vie, cette mère qu'il aime tant, dont il se sent la lourde tâche de protéger.
Mais ce Franck représente aussi une menace, celui qui pourrait lui voler sa mère, la peur que lui, Henry, reste sur le carreau. Toute cette ambivalence qui caractérise l'adolescence.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui se vit comme un huis-clos. De plus, ce week-end de Labor Day est un week-end de grosse chaleur ce qui accentue l'atmosphère dramatique. L'attachement aux personnages grandit au fur et à mesure de la lecture, il n'a pas été évident tout de suite pour moi. En particulier le personnage d'Adele, dont on cerne mal, au début, s'il s'agit d'une mère castratrice ou d'une mère qui essaie seulement de rester debour pour son fils.
Joyce Maynard produit une écriture toute en déclicatesse qui sied parfaitement à cette histoire émouvante.
Ma note: