Editions JC Lattès- 2013- 376 pages
Addy et Beth, seize ans amies de toujours, font partie de la très prisée équipe de cheerleaders du lycée qui regroupe les filles les plus en vue. Tenue d'une main de fer par leur capitaine Beth, les filles lui obéissent au doigt et à l'oeil, au détriment de coach inexistantes. Jusqu'au jour où Colette French, la nouvelle coach arrive. Charismatique, rigoureuse, pleine d'ambition mais aussi de mystère, elle réussit à s'imposer dans son équipe, les filles lui vouant une admiration sans borne, à commencer par Addy.
Beth et la Coach se livrent alors une guerre où tous les coups sont permis, "arbitrée" par Addy, et alimentée par les questionnements autour du suicide de l'amant de la coach.
Rien que la couverture donne déjà le ton: nous voilà plongés dans un univers féminin, impitoyable et sans scrupules. Et Megan Abbott retranscrit avec justesse ce microcosme que représente cette équipe de cheerleaders, toutes aussi garces les unes que les autres il faut bien le dire, où les apparences, la performance, la compétition, les jalousies rythment le quotidien. On a l'impression d'être dans un huis-clos, aucune mention, ou à peine, des familles de ces jeunes adolescentes, de leurs professeurs, bref d'adultes hormis la Coach et les recrues de la Garde nationale qui gravitent autour d'elles. Et ce parti pris permet à l'auteure de sonder ce qui anime ces jeunes filles, à commencer par un climat plus que malsain qui se ressent tout au long du livre et qui laisse à penser que les choses risquent de mal tourner.
Il y est question de rapport au corps, beaucoup, qui doit être parfait pour pouvoir prétendre à avoir sa place, et qui permet toutes les audaces. J'ai trouvé aussi qu'il se dégageait de la sensualité de ces rapports, de la fascination qui va jusqu'à l'amour à peine voilé, l'auteure abordant ainsi le thème de l'homosexualité non avouée chez ces adolescentes.
Un roman noir sans concession, bien écrit.
Une bonne découverte donc de cette auteure de qui j'ai maintenant envie de lire La fin de l'innocence.
Ma note: