Editions Points - 2011 pour l'édition originale- 395 pages
Carole Matthieu, médecin du travail dans une centrale d'appels, doit faire face au désarroi des employés qui font l'objet d'une véritable souffrance au travail. Elle-même à bout, elle commet un soir l'irréparable: elle tire sur un des employés, pour le délivrer de sa douleur.
Cette centrale d'appels renvoie bien sûr à France Télécom qui a connu une vague de suicides sans précédent parmi ses employés. Le témoignage s'avère d'autant plus fort que Marin Ledun a travaillé à France Telecom et sait donc de quoi il parle
Ce livre a suscité en moi des sensations étranges au cours de ma lecture. Une distance d'abord, par le style, très brut, violent, par ce qu'il décrit. Le sujet traité ensuite: on entre dans un monde noir, froid, déshumanisé, où tout le monde survit, y compris le médecin du travail qui carbure elle aussi aux anxiolitiques.
Et une envie de continuer, d'aller plus loin dans le récit, pour se demander jusqu'où on va aller, comment cela va finir. Pas bien, on le sent. Marin Ledun s'attache à nous montrer à quel point la souffrance au travail peut être dévastatrice et avoir plusieurs causes: un changement de poste qui rétrograde, la pression constante, le harcèlent moral ou sexuel...
L'écriture est très nerveuse. Les personnages sont constamment sur le fil, au bord de la rupture. Et finalement, aucun d'entre eux n'apparaît particulièrement sympathique ou attachant. En fait, on a envie que ça s'arrête.
Roman noir? Roman policier? Documentaire? On ne sait pas très bien finalement et probablement les trois à la fois.