Editions Actes Sud - 2013 pour l'édition originale et pour la traduction française- 476 pages
Madrid, 2005. 4ème de couverture:
Eduardo tente de survivre dans un appartement sans âme, grâce à l'alcool et aux psychotropes que lui prescrit la psychiatre chargée de sa réinsertion. Il vient de purger une peine de prison pour le meurtre du chauffard qui a tué sa femme et sa fille, voilà quatorze ans. Peintre autrefois coté, il gagne sa vie en exécutant à la chaine des portraits anonymes que sa galeriste place dans les grandes surfaces. Un jour, celle-ci lui transmet une bien étrange commande: une célèbre violoniste lui demande de réaliser le portrait de l'homme qui a tué son fils. Elle veut pouvoir déchiffrer sous les traits de l'homme les caractéristiques de l'assassin. Unis dans la même douleur, la commanditaire et l'artiste ouvrent bientôt la boite de Pandore, déchaînant tous les démons qui s'y trouvaient enfouis.
Le pinceau d'Eduardo met au jour une galerie d'êtres tourmentés, enfermés dans un drame qui a figé leur existence: une jeune Cjinois androgyne qui fait commerce de son corps, un fils de combattant de l'OAS enrichi par le gaz et le pétrole d'Alger, un ex-agent de la police politique de Pinoche, un Arménien sans foi ni loi, une jeune fille abusée par l'amant de sa mère, un mercenaire soufi...Autant de personnages qui hantent la maison des chagrins, pris au piège d'une vengeance désespérée et d'un hasard qui n'est que l'autre nom du destin. (...)
Vous le savez si vous venez régulièrement sur ce blog, j'avais adoré le premier roman de cet auteur espagnol, La tristesse du samouraï. Et ce deuxième livre ne m'a pas déçue. Victor Del Arbol est un raconteur d'histoires. Il possède ce talent de venir vous prendre par la main pour vous emmener à la rencontre de ses personnages, leurs blessures, leurs rancoeurs, leurs regrets, leurs histoires tout simplement. Alors bien sûr, il s'agit souvent de vies cabossées, l'atmosphère qui s'en dégage porte les stigmates de ces lourds passés.Tous ces destins ont des airs de tragédie, comme si chacun était déjà condamné.
Il y a beaucoup de personnages, sans forcément de liens les uns avec les autres au départ. Les éléments de leurs vies sont distillés, par petites touches, pour venir s'imbriquer comme un puzzle. Tous les personnages ont de l'importance, en tous cas l'auteur le leur en donne. Jusqu'aux "rôles" secondaires, voire de figurants à qui l'auteur donne une importance et on en vient à découvrir avec intérêt l'histoire de ces personnages de second plan dont l'histoire n'apporte pas grand chose au récit mais dont le lecteur découvre avec intérêt l'histoire. Cela m'a rappelé Millénuim de Stieg Larsson,et plus particulièrement un épisode où Lisbeth Salander est à l'hôpital et l'auteur décrit sur 3-4 pages la vie de l'infirmier complice qui va lui faire passer un téléphone portable. Cela n'apporte rien à l'histoire mais c'est plaisant à lire.
On pourrait reprocher à ce livre de reprendre les thèmes du précédent (le désespoir, la vengeance, le poids du passé familial...) mais j'ai été emportée cette fois encore. Un auteur à lire absolument.
Ma note:
Le billet très complet (bien plus que le mien...) de Sandrine.