Editions Gallimard - 2020- 226 pages
Quatrième de couverture: J'avais du mal à écrire, je tournais en rond. Mes personnages me procuraient un vertige d'ennui. J'ai pensé que n'importe quel récit réel aurait plus d'interêt. Je pouvais descendre dans la rue, arrêter la première personne venue, lui demander de m'offrir quelques éléments biographiques, et j'étais à peu près certain que cela me motiverait davantage qu'une nouvelle invention. C'est ainsiq ue les choses ont commencé, je me suis vraiment dit: tu descends dans la rue, tu abordes la première personne que tu vois et elle sera le sujet de ton livre.
Ce quelqu'un, c'est Madeleine Tricot, une femme âgée que l'auteur accoste alors qu'elle traverse la rue, revenant des courses. Après lui avoir exposé son projet, d'écrire un livre sur elle, le voilà embarqué aussi avec Valérie Martin, la fille de Madeleine, enseignante, Patrick, son mari, qui travaille dans les assurances, et leurs deux adolescents. A la manière d'un biographe, l'auteur va rentrer dans la vie de la famille Martin et dérouler ainsi le fil d'une histoire où les personnages sont réels. Et cela ne sera pas sans conséquences sur la vie des protagonistes...
L'auteur découvre ainsi que Madeleine, sous ses airs de retraitée paisible, porte en elle une histoire romanesque, celle de son amour de jeunesse qui l'a subitement quittée. La vie de Valérie et Patrick va connaitre un nouveau souffle grâce à l'auteur, qui lui-même va se trouver confronté à sa propre vie et à ses choix, chose qu'il n'avait absolument pas prévu.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la démarche est originale et qu'il n'est pas tellement surprenant qu'un auteur comme David Foenkinos ait choisi ce procédé. Il y joue son propre rôle, et il relate des rencontres, des personnes, des situations qui se sont a priori réellement déroulées. Je dis a priori parce que un des sujets du livre est bien le rapport au réel, ce qui relève de la fiction ou non, et ce que le lecteur s'attend à lire par rapport à cela. La volonté de travailler et de diriger des personnages est-elle forcément plus légitime que d'aborder des personnages réels et retranscrire ce qu'ils sont, ce qu'ils vivent sans aucune prise. Voilà bien le type de questionnement qui m'irrite au plus haut point. Est-ce la réalité? Est-ce de la fiction? En brouillant ainsi les pistes, j'ai toujours la désagréable impression d'être manipulée et qu'on cherche à me piéger.
Et le challenge, c'est de rendre intéressante la banalité apparente de la vie des personnages choisis au hasard. Et c'est là que le bât blesse. Aussi originale que soit la démarche, j'ai eu du mal à m'intéresser à cette histoire qui m'a parue être en roue libre. Malgré le style et l'humour de l'auteur, j'ai mis un temps fou à lire ce livre.
Dans la mise en scène de personnages ordinaires, j'avais préféré Le mystère Henri Pick, que j'avais trouvé davantage maitrisé.
En résumé, le procédé est original mais ça ne suffit à donner de la consistance.
Ma note: