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11 septembre 2018 2 11 /09 /septembre /2018 14:54

Le livre de poche - 2016- Edition originale  2015- 312 pages

Au nord de l'Albanie, Mathias est un loup solitaire qui vit dans les montagnes. Il est sacrificateur. C'est à lui que les gesn s'adressent pour éloigner le mauvais sort, influer sur la santé d'un nouveau-né, garantir la réussite d'un mariage. Il sacrifie une chèvre, patiemment choisie. Le jour où le vieux Carche, figure de la mafia locale, lui demande de former son neveu, il se trouve bien obligé d'accepter. Mais la cohabitation se passe mal avec cet adolescent inquiétant, lequel finit par trouver la mort. Mathias n'a d'autre choix que de s'enfuir pour échapper aux représailles du clan Carche.

A quelques kilomètres de là, Lou et Elias, un jeune couple français, rejoignent un groupe de randonneurs amateurs pour un trek de quelques jours dans les montagnes albanaises. Emmenés par leur guide Vigan, ils sont surpris par une violente tempête de neige. La lutte pour leur survie commence...

J'aime bien Sandrine Collette. J'ai eu la chance de la croiser quelques fois lors de festivals, elle est très abordable et simple (dans le bon sens du terme...). Je l'ai découverte avec son premier roman, Des noeuds d'acier, que je vous conseille. J'avais continué avec son deuxième, Un vent de cendres, qui m'avait moins convaincue. Alors avec titre, c'était un peu l'heure de vérité...

J'ai retrouvé ici l'atmosphère de son premier roman, même si le décor difère complètement. On est passé de la forêt à la montagne. Et franchement, on s'y croit. L'auteure parvient à imposer cette nature hostile comme un personnage à part entière. Le lecteur suit ces randonneurs pris au piège du froid, de la neige et du vent, et on se sent bien heureux de ne pas être à leur place! Les routes de Mathias et des marcheurs vont forcément se croiser, on s'en doute, mais l'auteure maintient le suspens sur les modalités de cette rencontre.

Et pour la petite histoire, moi qui fais de la rando et qui suis déjà allée en Albanie (en pleiné été et pas dans les montagnes du nord), je peux vous dire que, heureusement, ça ne se passe pas toujours comme ça!

Un très bon thriller.

Ma note: 

Six fourmis blanches - Sandrine Collette
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28 août 2018 2 28 /08 /août /2018 17:27

Editions du Masque - 2017 pour la traduction française - 320 pages

L'histoire nous fait naviguer entre deux époques: 1932 et 1952. Dans le Kentucky, dans un petit village, deux familles voisines, les Baine et les Holleran, en 1952, se détestent. A l'origine de la brouille, la rencontre en 1932 de Juna Holleran et Joseph Carl Baine, suivie par la disparition du petit frère de Juna, laissé pour mort, et dont Joseph Carl est accusé. 

Vingt ans plus tard, Annie Holleran, la jeune nièce de Juna, semble avoir hérité du "don" de sa tante: un peu sorcière, elle intrigue et effraie. Ce jour-là, celui de ses quinze ans, à minuit, elle va observer au fond du puits des Baine, le visage qui lui apparaitra et sera son promis, comme le veut la tradition. Au lieu de quoi, elle découvre le cadavre de la vieille Baine. Et si ces deux familles n'avaient pas fini de règler leurs comptes avec le passé?

Il avait tout me plaire ce livre: du suspens, deux familles qui se haïssent, de lourds secrets, des mensonges, des personnages ambigus. L'atmosphère, chargée de suspiscion, de superstition est bien rendue et contribue à planter le décor du livre, à la limite de l'angoissant.

Et pourtant, ça n'a pas pris, j'ai abandonné à la moitié à peu près. Je me suis perdue dans les personnages, bien qu'il n'y en ait pas un nombre spécialement important. J'ai mis du temps à comprendre à quelle famille appartenait qui, à situer les protagonistes les uns par rapport aux autres. Le rythme assez lent n'a pas arrangé les choses. Dommage.

Ma note :

J'irai mourir sur vos terres - Lori Roy
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19 juillet 2018 4 19 /07 /juillet /2018 16:25

Editions Grasset - 2018 - 157 pages

Antoine, la soixantaine, rend régulièrement visite à son père, veuf d'origine sarde, qui a travaillé toute sa vie dans les mines. Enfant, en Sardaigne, il était berger et n'a jamais pu aller à l'école. Leurs relations sont difficiles mais elles sont.  A quatre-vingts ans, le père demande un beau jour à son fils de lui apprendre à lire. D'abord incrédule face à cette demande sur le tard, Antoine finit par accepter. Mais l'apprentissage se révèle peu satisfaisant. Aussi, sur un coup de tête, Antoine propose à un jeune escort qu'il fréquente, Ron, et qui aspire à devenir instituteur en Australie, de devenir le professeur de son père. 

Encore une belle découverte avec ce premier roman très touchant. Il y est ici question de la relation père / fils, de deux êtres qui s'aiment mais qui n'arrivent pas à se le dire. L'un, le père, parce qu'on ne le lui a jamais appris. Exprimer ses sentiments, dire qu'on aime, cela n'existe pas dans son éducation, à la dure. Il appartient à la catégorie des taiseux, rugueux et acâriatre. Et l'autre, le fils, qui n'écoute pas, ne lit pas entre les lignes, qui s'est toujours senti mal aimé, vu comme un mauvais fils.

Entre eux, Ron devient le trait d'union, celui qui va délier la parole et enfin offrir à ces deux êtres l'occasion de se parler, que le père puisse exprimer à quel point il est fier de son fils, depuis toujours. Et à Antoine de mieux comprendre l'histoire de son père et les raisons qui l'ont amené à être celui qu'il est.

Voilà un roman touchant, très pudique et délicat, qui nous parle de ceux qui nous sont le plus proche mais qu'on connait finalement si mal, qu'on ne prend pas le temps d'écouter. L'écriture est très plaisante aussi. Un premier roman prometteur.

Ma note: 

Apprendre à lire - Sébastien Ministru
Apprendre à lire - Sébastien Ministru
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27 juin 2018 3 27 /06 /juin /2018 12:10

Editions Sonatine - 2017 pour l'édition originale- 2018 pour la traduction française - 375 pages

Shaker Heights, banlieue riche et tranquille de Cleveland, dans les années 1990-200. La famille Richardson vit dans une maison cossue d'un quartier résidentiel. Ils louent une petite maison dans laquelle vient d'emménager Mia Warren, artiste photographe et mère célibataire, avec sa fille adolescente, Pearl. Cette dernière se lie d'amitié avec Moody, le fils cadet de la famille Richardson, et passe de plus en plus de temps dans la maison et auprès  des membres de cette famille en apparence si parfaite et à qui tout semble sourire. Sans la renier pour autant, elle est cependant à l'opposé de sa vie, ponctuée par de multiples déménagements, avec sa mère qui cumule les petits boulots pour pouvoir vivre de sa passion, la photographie, et qui peine à joindre les deux bouts. Pourtant, Pearl aime beaucoup sa mère, personnage bienveillant et empathique.

C'est alors qu'un fait divers vient ébranler la petite vie tranquille de Shaker Heights: une femme d'origine chinoise (cette précision a son importance), employée au restaurant où travaille aussi Mia, cherche à récupérer son bébé qu'elle avait abondonné quelques mois plus tôt alors qu'elle se trouvait dans une situation difficile, aujourd'hui plus favorable. L'enfant avait alors été recueillie et confiée à un couple de cinquantenaires aisés, n'ayant jamais pu avoir d'enfans, dont la mère, Linda Mac Cullough, est une amie d'enfance d'Elena Richardson. Cette affaire va confronter les points de vue et interroger sur la place de l'enfant, au coeur du récit de ce livre.

Celeste Ng livre ici son deuxième roman, après le trés réussi Tout ce qu'on ne s'était jamais dit.  On retrouve des thèmes qu'elle avait déjà abordés. D'abord, le décor: une banlieue chic et tranquille, dans laquelle cohabitent les classes sociales. Les plus aisés, chez qui tout est en ordre et en apparence exemplaire, incarnés par les Richardson et les Mac Cullough. Les plus modestes, qui semblent débarqués dans cet univers, et pour qui les choses ne vont pas de soi, représentés par Mia et Pearl, et Bebe, la jeune mère en diffculté. 

L'auteure dépeint leurs façons d'être, de penser, entre ce qu'ils laissent paraitre et ce qu'ils sont réellement, la réputation à tenir pour les uns, l'attachement aux valeurs pour les autres. La question de l'origine occupe une place importante dans le récit. Les rapports familiaux sont aussi passés au crible, les rapports adolescents, et la place de l'enfant, au coeur du récit.

Ce livre se lit comme un thriller (une maison brûle, celle des Richardson, dès les premières pages), et que ce soient les thèmes abordés et l'articulation du récit, l'auteure le fait très bien. Je trouve malgré tout ce roman trop proche de son premier, j'aurais aimé qu'elle se renouvelle davantage. Mais cela reste un très bon livre que je conseille.

Ma note:

 

La saison des feux - Celeste Ng
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19 juin 2018 2 19 /06 /juin /2018 09:00

Editions Grasset - 2018 - 300 pages

Isabelle Carré, célèbre actrice, raconte son enfance dans les années 70, puis son adolescence, dans une famille pour le moins atypique. Elle évoque ses rêves, ses doutes, ses fragilités, sa passion pour le cinéma dans laquelle elle s'est réfugiée. Elle raconte aussi sa mère, femme distante et incomprise par ses parents, et son père, artiste d'avant-garde, employé chez Cardin.

Vu le sujet du livre, il est clair que ce livre n'arrivait pas au bon moment. Après mon coup de coeur pour Fugitive parce que reine, sur des thématiques similaires, ce roman avait peu de chances de m'accrocher.

J'ai eu du mal à rentrer dans ce récit mais je ne sais pas pourquoi, j'ai malgré tout voulu continuer. Et j'ai fini par m'attacher au personnage d'Isabelle, à cette fillette puis jeune femme, fragile, en proie aux doutes, qui correspondent assez bien je trouve à l'mage qu'elle renvoie sur scène et sur les écrans. Elle livre ici un récit intime. J'ai bien aimé le passage sur l'hôpital, sur ses relations avec ses pairs, sur son père (je reste volontairement évasive pour ne rien dévoiler...). J'aurais aimé en savoir plus sur ses frères, en revanche. J'ai eu parfois une impression de survoler des scènes et situations, c'est dommage. 

Alors globalement, ça se lit bien, c'est parfois maladroit dans le récit et dans la langue, ça ne me laissera pas un souvenir impérissable. J'aimais déjà bien l'actrice avant, j'aime bien la femme aussi maintenant.

Et en guise de conclusion, je me demande quand même pourquoi tous ces récits autobiographiques qui fleurissent à chaque rentrée littéraire depuis quelques années, se présentent comme dans des romans et ne s'assument pas tels qu'ils sont, c'est-à-dire des autobiographies?

Ma note:

 

Les rêveurs - Isabelle Carré
Les rêveurs - Isabelle Carré
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21 mai 2018 1 21 /05 /mai /2018 15:28

Editions Gallimard - 2018- 246 pages

Attention coup de coeur, pour ce livre qui se découpe en trois parties: la première se situe au moment où la mère de l'auteure commence ses séjours en hôpital psychiatrique et les périodes où elle revient vivre avec ses deux filles pré-ados. Elle se révèle être une mère atypique, non conventionnelle, instable, passant de l'amour fou d'une mère pour ses filles à une certaine violence, verbale surtout. Cette partie est celle qui m'a le moins intéressée, je l'ai trouvé répétitive et me suis parfois ennuyée. Mais il ne faut surtout pas abandonner! 

Dans la seconde partie, l'auteure choisit la voie du roman, largement autobiographique cependant, pour raconter la vie de sa mère, jusqu'à sa naissance et celle de sa soeur, pour arriver enfin au début de la permière partie.

Catherine, donc, n'est déjà pas une enfant désirée. Atteinte d'une maladie, elle vit à l'hôpital, où sa mère ne lui rend jamais visite, jusqu'à l'âge de sept ans, âge auquel elle intégre l'école sans avoir jamais vécu en collectivité auparavant. Puis, ce sera sa passion pour la danse, malgré un handicap physique au niveau de ses jambes, son premier mariage, et la rencontre avec le père de ses filles. Une vie pour le moins rocambolesque.

La dernière partie commence au décès de Catherine, alors que ses filles sont adultes et autonomes. L'auteure reprend le fil du récit à son compte et raconte comment elle a vécu et géré la mort de sa mère, avec sa soeur (à qui le livre est dédicacé).

J'ai eu un véritable coup de coeur pour ce livre, que j'ai fini tard dans la nuit, en larmes. Et pourtant, c'était mal engagé car au cours de la première partie, j'ai failli abandonner, le récit peinant à évoluer. Mais alors, à partir de la deuxième, je n'ai pas pu lâcher ce livre. Sauf parfois pour reprendre mon souffle tant j'étais submergée par l'émotion. Je me suis fait totalement surprendre, je ne m'attendais pas à une telle réaction.

Violaine Huisman nous relate comment la vie de sa mère l'a amenée à ce qu'elle est devenue, avec une bienveillance admirable: non désirée, elle passe les premières années de sa vie à l'hôpital où elle ne reçoit aucune visite de sa mère. Puis, les diffcultés qu'elle a rencontrées lorsqu'elle a enfin pu être scolarisée, elle qui n'avait jamais été sociabilisée auparavant. Son premier mariage avec Paul, un homme gentil et prévenant, qui lui a permis d'ouvrir son école de danse à Marseille. Et sa rencontre avec Antoine, le père de ses enfants, un homme marié et foncièrement volage, avec qui elle mène grand train.

Comme dans d'autres livres qui retracent le destin d'une mère vu avec les yeux de son enfant, ce qui m'a touchée n'est pas tant le personnage de la mère en lui-même -bien qu'ici il soit particulièrement bien traité,- que le regard que pose l'auteure sur sa mère, la façon dont elle en parle. Quel amour inconditionnel! Quel vibrant hommage! qui s'expriment pleinement, grâce à une écriture sublime.

 

Fugitive parce que reine - Violaine Huisman
Fugitive parce que reine - Violaine Huisman
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26 avril 2018 4 26 /04 /avril /2018 09:13

Editions Albin Michel - 2018- 534 pages

1927, à Paris. Le roman s'ouvre sur l'enterrement de Marcel Péricourt, banquier émérite, père d'Edouard, gueule cassée d'Au-revoir là-haut . Tous les proches de la famille sont présents: sa fille, Madeleine; André le précepteur de Paul, le fils de Madeleine; Charles Péricourt, frère du défunt, député, accompagné de sa femme Hortense et de ses deux filles; Gustave Joubert, protégé de Marcel Péricourt et prétendant de Madeleine. A la suite d'un geste tragique au cours de la cérémonie, Paul se retrouve handicapé.

Madeleine hérite de l'empire financier de son père. Dévouée à son fils et victime de la cupidité de beaucoup de ses proches, elle se retrouve ruinée, spoliée et déclassée. Quelques années plus tard, l'heure de la vengeance a sonné...

Autant le dire tout de suite: Pierre Lemaitre fait partie de mes auteurs chouchous, je l'aime, lui passe et lui pardonne tout. Ce livre s'inscrit dans une trilogie, initiée par Au-revoir là-haut que j'avais adoré, qui est LE livre que je conseille encore. On ne peut pas vraiment dire que Couleurs de l'incendie en soit la suite, seuls les personnages de Madeleine et Dupré apparaissaient déjà dans l'opus précédent. Pour être tout à fait honnête, je trouve ce titre un peu en -dessous d'Au-revoir là-haut, mais tout de même, quel régal de lecture!

L'auteur excelle dans l'art du récit, il nous livre une galerie de personnages d'une qualité remarquable, les descriptions sont croustillantes et souvent très drôles. J'ai ri à plusieurs reprises au cours de ma lecture, fait plutôt rare qu'il convient de souligner.

Et que dire du style d'écriture! Il m'a littéralement enchantée, rarement j'ai éprouvé autant de plaisir avec la plume d'un auteur. Quant à l'histoire, elle est romanesque à souhait, digne des grands classiques du XIXème siècle.

Je l'attendais avec une grande impatience ce roman, je n'ai pas été déçue. Pierre, for ever ...

Ma note:

 

Couleurs de l'incendie - Pierre Lemaitre
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8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 17:43

Editions de l'Observatoire - 2018- 217 pages

Adrien et Louise, la petite quarantaine, forment un couple heureux, épicurien, très amoureux. Adrien travaille dans une régie des eaux et Louise est artiste peintre. Ils ont décidé de mettre de la couleur dans leur vie, de la vivre pleinement, ensemble, avec fantaisie. Le jour où Louise apprend qu'elle est atteinte d'un cancer, cette philosophie, cet art de vivre s'en trouvent ébranlés mais ô combien nécessaire et salvateur...

Ce roman pourrait se résumer ainsi: l'histoire d'un couple atypique qui s'aime, follement, et qui serait prêt à tout pour préserver l'autre et leur amour. L'épreuve de la maladie les atteint cependant, ce cancer qui prédit une fin inéluctable.  Alors, sans nier la réalité, Adrien et Louise s'attechent à toujours profiter de la vie, de l'embellir, pour mieux la supporter. Louise a d'ailleurs adopté cette technique depuis toute petite pour surmonter les épreuves de la vie qu'elle a dû traverser. 

L'annonce de la maladie de Louise coïncide avec la restructuration d'Aquaplus, l'employeur d'Adrien, lequel se retrouve relégué dans un bureau isolé, tout au fond d'un couloir. Puisque sa priorité est sa femme, Adrien l'accompagne dans ses traitements, et ne va plus travailler. Aucun de ses collègues ne remarque son absence, et c'est seulement au bour d'un an qu'une personne des RH s'en aperçoit. L'employeur décide alors de mener Adrioen en justice, pour salaire indû. Un scène de ce procès ubuesque ouvre le récit, où le lecteur apprend que Louise est morte.

L'auteure brosse ainsi un portrait sans concession de ce monde du travail complètement déshumanisé, où on ne connait pas celui avec qui on travaille, on ne remarque même pas son absence.

Les déraisons est un roman original, fantasque, émouvant, drôle parfois, atypique, pour sûr. Je dois néanmoins avouer que j'ai eu du mal à m'immerger vraiment dans cette histoire, peut-être par le côté décalé qui m'a empêchée de m'identifier par moments. Mais j'ai été touchée par certaines scènes, par cet optimisme auquel on se raccroche avec la force du désespoir, mais qui n'écarte pas l'impuissance.

Ma note:

 

Les déraisons - Odile d'Oultremont
Les déraisons - Odile d'Oultremont
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16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 13:34

Editions Flammarion - 2017 - 506 pages

Ali est devenu propriétaire d'oliviers qui lui ont permis de prospérer et de devenir de ceux qu'on dit qu'ils ont réussi. Ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, il garde une fierté de s'être battu pour la France, et surtout qu'on lui reconnaisse ce sacrifice. Lorsqu'apparaissent les premiers signaux de désirs d'indépendance de l'Algérie, il ne souhaite pas prendre position, et se retrouve presque malgré lui du côté des Français. A la fin du conflit algérien, il se voit obligé de quitter sa terre natale pour rejoindre la France et redémarrer sa vie, avec sa femme et ses enfants.

Dans la carrière d'un auteur, il faut souvent quelques productions avant que le lecteur ne se dise : "Ca y est, on y est!". Le voici le roman d'Alice Zeniter, celui de la maitrise, de l'aboutissement. Il se divise en trois parties: la première parle d'Ali, le grand-père kabyle, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, qui voit arriver les "événements d'Algérie (ou comment ne pas parler de guerre) sans qu'il ait eu le temps de savoir qui il souhaitait soutenir. Car il faut choisir un camp: soit les Français, les oppresseurs, soit le FLN, la voie de l'avenir mais avec une organisation et des objectifs on ne peut plus flous et parfois contestables. L'auteure montre avec beaucoup de finesse toute la complexité de cette période, le fait que tout le monde n'était pas préparé à avoir des avis aussi tranchés qui auraient justifié une prise de position nette. Ainsi, plus par réaction que par réelle conviction, Ali se retrouve à aider les Français. Il devient un harki, stigmate qui marquera toute sa famille à vie. J'ai trouvé cette partie vraiment intéressante, très bien décrite.

La seconde partie se focalise sur Hamid, l'aîné de la famille, à partir du moment où la famille se voit contrainte de quitter l'Algérie, après la signature des accords d'Evian, pour rejoindre la France, ce pays totalement inconnu, en terme de territoire. C'est quitter son pays, ses proches, ses terres, toute une vie, pour tout recommencer, dans des camps pour les harkis. Pour Hamid, c'est voir ses parents, qui ne savent ni lire ni écrire, courber l'échine, accepter l'humiliation. C'est aussi être un pilier pour la famille, les amis, les voisins, celui auquel on se raccroche car il possède l'instruction. Et puis, au fur et à mesure qu'Hamid, le fossé générationnel avec sa famille et son père en particulier, se creuse, jusqu'à laisser la place à l'incompréhension et l'éloignement, le rejet de ces origines qui lui laissent un goût amer à plus d'un titre.

Enfin, la dernière partie traite du retour aux sources, de la mémoire, par Naïma, une des filles d'Hamid, qui tente de reconstituer une histoire qui est la sienne, alors que son père a toujours été mutique sur le sujet. Car sa famille est une famille harkie, les traitres,  avec toute la honte et la crainte que cela suppose. 

"La vie de mon grand-père (...) on distinguerait deux silences, qui correspondent aux deux guerres qu'il a traversées. La première, celle de 39-45, il en est ressorti en héros et alors son silence n'a fait que souligner sa bravoure et l'ampleur de ce qu'il avait eu à supporter. On pouvait parler de son silence avec respect, comme d'une pudeur de guerrier. Mais la seconde, celle d'Algérie, il en est ressorti traître et du coup son silence n'a fait que souligner sa bassesse et on a eu l'impression que la honte l'avait privé de mots. " p. 493-494

"Ce qu'on ne transmet pas, ça se perd, c'est tout. Tu viens d'ici mais ce n'est pas chez toi." p. 497

Je considère ce roman comme une référence sur le sujet, c'est fouillé, nuancé, maitrisé, bien écrit, et surtout empreint d'un engagement de l'auteure dans ce qu'elle a mis d'elle, de sa propre histoire dans ce récit. Elle retranscrit avec un grand talent toute la complexité de la colonisation, la question du rapport avec ses origines, de la transmission, du sentiment d'appartenance. Un grand livre, qui a reçu le Prix Goncourt des Lycéens.

Ma note:

 

L'art de perdre - Alice Zeniter
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7 décembre 2017 4 07 /12 /décembre /2017 12:52

Editions de La Martinière - 125 pages -2017

Catherine Delcour, 48 ans, est une actrice reconnue et admirée, aussi bien au théâtre qu'au cinéma. Elle s'est offert les services d'une assistante, Mina Flamand, avec laquelle elle travaille depuis dix-huit ans. Autour d'elles, il y a Jean Rivière, Ministre de la Culture, marié et amant de Catherine depuis des années.

Les pertes de mémoire deviennent de plus en plus fréquentes chez Catherine, la maladie s'insinue petit à petit, sans que celle-ci ne soit jamais nommée. 

Ce court roman aurait pu être une nouvelle. Catherine est un personnage haut en couleur, qui mène la vie des grandes célébrités, un peu hors du temps, et qui s'en remet, pour tout ou presque, à Mina. Mina, elle sait. Leur relation est pour moi l'atout majeur de cette histoire, qui s'apparente à une relation de couple.

L'une ne peut rien faire sans l'autre. Catherine considère Mina comme sa secrétaire, son amie, sa confidente, son intendante. De son côté, Mina, dévouée, a consacré sa vie, voire sacrifiée, à Catherine, comme une religieuse prononce ses voeux pour rentrer dans les ordres.  Pour autant, elle n'est pas soumise. Mais dévouée, oui. Il s'agit d'un engagement moral, être celle qui est là, disponible, à toute heure du jour et de la nuit. Mina est celle dont la fidélité est indéfectible.

J'ai bien aimé ce roman, très rythmé, parfois virevoltant, avec des dialogues et situations enlevés. Les personnages sont très attachants. L'auteure parvient à nous livrer un roman tantôt léger, fantasque, à l'image de Mademoiselle, mais grave aussi lorsqu'il aborde la maladie, sa prise de conscience ou non, et ses conséquences  non seulement sur Catherine et son entourage. Je regrette cependant que le roman soit un peu court.

Ma note: 

Mademoiselle, à la folie! - Pascale Lécosse
Mademoiselle, à la folie! - Pascale Lécosse
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  • : Mon petit chapitre par Anne
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le 31 juillet 2019

Challenges

Challenges auxquels je participe:

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Voisins Voisines 2013 chez Anne

1. La compagnie des menteurs de Karen Maitland (Angleterre)

2. La lettre qui allait changer le destin d'Harold Fry arriva le mardi...de Rachel Joyce (Angleterre)

3. Les trois lumières de Claire Keegan (Irlande)

4. La vie aux aguets de William Boyd (Angleterre)

5. Froid mortel de Johan Theorin (Suède)

6. Contrecoup de Rachel Cusk (Angleterre)

7. Quand souffle le vent du nord de Daniel Glattauer (Autriche)

8. Miséricorde de Jussi Adler-Olsen (Danemark)

9. La maison des chagrins de Victor Del Arbol (Espagne)

 

Voisins voisines 2014

 

Voisins Voisines 2014 chez A propos des livres

1. Le secret d'Edwin Strafford de Robert Goddard (Angleterre)

2. L'heure trouble de Johan Theorin (Suède)

3. L'Exception de Audur Ava Olafsdottir (Islande)

4. L'oubli d'Emma Healey (Angleterre)

5. La faute de Paula Daly (Angleterre)

6. Le violoniste de Mechtild Borrmann (Allemagne)

1. Le village de Dan Smith (Angleterre)

2. La ferme de Tom Rob Smith (Angleterre)

3. Le bourreau de Gaudi de Aro Sainz de la Maza (Espagne)

      Challenge 13 auteurs

13 auteurs chez La vie telle qu'elle me passionne

1. Karine Giebel : Les morsures de l'ombre

2. William Boyd: La vie aux aguets

3. Thomas H.Cook

4. Anne Percin: Le premier été

5. Karen Maitland: La compagnie des menteurs

6. Ron Rash: Le monde à l'endroit

7. Marie-Hélène Lafon

8. Fabienne Juhel

9. Jo Nesbo

10. Laura Kasischke: Esprit d'hiver

11. R-J Ellory

12. Jussi Adler-Olsen: Miséricorde

13. Olivier Adam

 

J'ai l'impression que ce challenge n'est pas reconduit cette année mais j'ai bien envie de le poursuivre à titre individuel. Voici la liste établie pour 2014:

 

1. Thomas H.Cook

2. Fabienne Juhel

3. Jo Nesbo

4. R-J Ellory

5. Olivier Adam: Des vents contraires

6. Pascal Garnier

7. Linwood Barclay: Fenêtre sur crime

8. Joyce Maynard: Long week-end

9. Hélène Grémillon: Le confident

10. Lionel Salaun

11. Ryan David Jahn

12. Saphia Azzedine

13. Delphine De Vigan

10 auteurs que j'ai envie de découvrir en 2015:

1. Thomas H.Cook

2. Fabienne Juhel

3. Jo Nesbo

4. R-J Ellory

5. Pascal Garnier

6. Lionel Salaun

7. Ryan David Jahn

8. Silvia Avallone

9. Marie-Sabine Roger

10. Claire Favan

 

 

 

Challenge Polars et Thrillers 2013-2014

Challenge Thrillers et Polars 2013-2014 chez Liliba

1. Black coffee de Sophie Loubière

2. Elvis et la vertu de Frantz Delplanque

3. Miséricorde de Jussi Adler-Olsen

4. Le dernier Lapon de Olivier Truc

5. La maison des chagrins de Victor Del Arbol

6. Le secret d'Edwin Strafford de Robert Goddard

7. L'appel du coucou de Robert Galbraith

8. Vilaines filles de Megan Abbott

9. Purgatoire des innocents de Karine Giébel

10. La Peur elle-même de Laura Sadowski

11. L'homme qui a vu l'homme de Marin Ledun

12. L'heure trouble de Johan Theorin

Challenge Thrillers et Polars 2014-2015 chez Liliba

1. L'oubli d'Emma Healey

2. Fenêtre sur crime de Linwood Barclay

3. La faute de Paula Daly

4. Le violoniste de Mechtild Borrmann

5. Le village de Dan Smith

6. Atomka de Franck Thilliez

7. Angor de Franck Thilliez

8. La cible d'Howard Gordon

9. Sans faille de Valentin Musso

 

Challenge Thrillers et polars 2015-2016 chez Sharon

1. Les nuits de Reykjavik d'Arnaldur Indridason

2. Arrêtez-moi de Lisa Gardner

3. L'affaire des coupeurs de têtes de Moussa Konaté

4. La ferme de Tom Rob Smith

5. Le bourreau de Gaudi de Aro Sainz de la Maza

6. Derrière la haine de Barbara Abel

7. L'enfer de Church Street de Jake Hinkson

8. Am stram gram de M.J.Arlidge

9. Un vent de cendres de Sandrine Collette

10. Deux gouttes d'eau de Jacques Expert

11. Le tailleur de pierre de Camilla Läckberg

12. Les visages écrasés de Marin Ledun

 

 

 

Où Je Chine...